Des indiens d'Amérique, en guerre avec les Anglais, firent prisonnier un jeune homme. Ils l'attachèrent à un arbre et se préparaient à le tuer. Le chef Indien s'approcha et dit : Ne le tuez pas ; donnez-le-moi, plutôt ! On le lui remit.
Le chef délia l'Anglais, le mena dans sa hutte, lui donna à manger et lui prépara une place pour passer la nuit.
Le lendemain matin, le chef Indien ordonna à l'Anglais de le suivre. Ils marchèrent longtemps ; quand ils furent près du camp anglais, le chef dit :
Les vôtres ont tué mon fils ; je t'ai sauvé la vie. Va rejoindre tes camarades et continuez à nous tuer.
L'Anglais fut très surpris.
Pourquoi te moques-tu de moi ? Dit-il. Je sais que les nôtres ont tué ton fils, tue-moi donc sans tarder.
Le chef Indien répondit :
Au moment où on allait te tuer, je me suis souvenu de mon fils et j'ai eu pitié de toi. Je ne plaisante pas ; va rejoindre tes camarades et continue, si tu veux, à nous tuer.
Et le chef Indien laissa l'Anglais s'en aller.
*************** Fin de la légende ***************
Auteur : Léon Tolstoï
Commentaire éditorial :
La compassion et le pardon peuvent briser le cycle de la violence et de la vengeance. Le chef indien, malgré sa douleur et son droit légitime à la vengeance, choisit de faire preuve de miséricorde envers son ennemi. En épargnant la vie du jeune Anglais, il démontre une force morale supérieure et offre une leçon puissante sur l'humanité.
Cette histoire nous rappelle que :
- La vengeance perpétue la violence, tandis que le pardon peut y mettre fin.
- La compassion envers nos ennemis peut être un acte de courage et de sagesse.
- Briser le cycle de la violence demande souvent un sacrifice personnel.
- Nos actions peuvent inspirer les autres à reconsidérer leurs propres choix.
En fin de compte, cette légende nous invite à réfléchir sur notre propre capacité à pardonner et à voir l'humanité même chez ceux que nous considérons comme nos ennemis.