Soutenir un être cher en dépression demande de connaître les comportements utiles, de même que ceux qu’il vaut mieux éviter. Voici ces derniers :
1) Ignorer les signes de danger :
Soyez attentif aux signes de pensées suicidaires : adresser des adieux, exprimer un désespoir insurmontable, parler de la mort comme d'une délivrance…
Si vous croyez que l'état de la personne représente un danger imminent, contactez sans délai les ressources d'aide en santé mentale.
2) Minimiser ou nier ses sentiments :
Une personne déprimée a besoin qu’on croie en ce qu’elle ressent. Des phrases comme "Ce n'est pas si grave" ou "Tout le monde a des moments difficiles" peuvent donner l'impression à la personne que sa souffrance n'est pas légitime. La reconnaissance de sa douleur est un premier pas pour lui montrer qu'elle n'est pas seule dans son combat.
3) Culpabiliser ou juger la personne déprimée
La dépression n'est pas un manque de volonté. Encourager la personne à faire des efforts sans prendre en compte la réalité de la maladie peut être dévastateur. Conséquemment, évitez les remarques comme :
- Tu te laisses aller,
- Tu devrais faire un effort,
- Mais enfin, pourquoi tu restes sans rien faire ?
4) Donner des conseils non sollicités :
Même avec la plus pure des intentions, des conseils non sollicités peuvent être perçus comme un manque de respect, voire une source d'irritation. À moins qu'on ne vous le demande, retenez vos suggestions. Ce dont votre proche a le plus besoin, c'est d'une oreille attentive et d'un cœur compréhensif.
5) Confronter ses idées négatives :
Contredire brutalement les affirmations d'une personne en dépression, sans d'abord reconnaître sa souffrance, peut la pousser à se refermer davantage. N'essayez pas de la "raisonner" hors de sa déprime, même si ses inquiétudes vous semblent irrationnelles. Vos tentatives bien intentionnées pourraient lui donner l'impression que vous ne prenez pas ses émotions au sérieux. Validez sa douleur avant de parler d'une autre façon de voir la vie. Et surtout, faites-le avec une douceur et une empathie extrême.
6) Agir comme un thérapeute :
N'essayez jamais de poser un diagnostic ou de traiter la dépression par vous-même. Vous n'avez pas le pouvoir de guérir la dépression. Reconnaissez vos limites et l'importance vitale de l'aide professionnelle. Des professionnels, avec leur regard neutre et leur expertise, sont indispensables pour l'accompagner sur le chemin de la guérison. Quelle est la différence entre vous et eux ? Leur connaissance et leur objectivité, qui viennent compléter votre rôle important de soutien affectif.
7) Exprimer un optimisme excessif :
Évitez les phrases comme "Pense positif, tout va s'arranger !" Pour la personne malade, un optimisme exagéré peut sembler insensible et déconnecté de sa réalité. La dépression n'est pas une simple question de volonté ou de pensée positive.
8) Faire pression pour des changements rapides :
Forcer une personne en dépression à reprendre trop vite ses habitudes, à sortir ou à voir du monde peut amplifier son anxiété et sa détresse. Optez pour un accompagnement bienveillant et progressif. Il est cependant important de ne pas laisser l’isolement s’installer. Trouvez la bonne mesure en dialoguant avec les thérapeutes qui traitent cette personne.9) Isoler la personne déprimée :
Certains proches aidants incitent, parfois inconsciemment, la personne déprimée à s'isoler. On pourrait penser qu'en la coupant du tumulte extérieur, on lui offre un cocon de sécurité. Pourtant, pour une âme déjà fragilisée par la tristesse et le manque d'énergie, cet isolement peut agir comme un engrenage implacable, l'enfermant davantage dans sa souffrance. Le lien social positif est une source vitale de réconfort, de validation et d'espoir. Couper ces relations, même avec la plus tendre des intentions, revient à priver la personne de ces précieux nutriments émotionnels.

10) Être envahissant :
Il est essentiel de ne pas être envahissant et de vouloir tout gérer à sa place. La personne malade pourrait alors se sentir infantilisée, ce qui renforcerait la perte d'estime de soi et le sentiment de dévalorisation, des aspects souvent présents dans la dépression. Trouver la bonne distance n’est pas toujours facile : il s’agit d’être suffisamment proche pour soutenir, mais pas au point de priver l’autre de sa capacité à agir pour lui-même. Cette distance idéale se construit dans le respect, l’écoute, l'observation et des ajustements fréquents au besoin.
11) Comparer la personne à d'autres :
Chaque expérience de la dépression est unique. En comparant les vécus de cette maladie, vous risquez de minimiser la douleur spécifique de votre proche et de donner l'impression que ses sentiments ne sont pas valides.
12) Imposer le positivisme :
Insister pour qu'une personne déprimée "voie le bon côté des choses", "pense positif" ou "sourit" part d'une intention louable, mais peut avoir un effet nuisible. En effet, la personne malade risque de se sentir incomprise, comme si sa souffrance était niée ou banalisée. Laissez-lui plutôt l'espace nécessaire pour exprimer sa tristesse à sa façon. Dans le contexte, la bonne attitude est de d'écouter attentivement en faisant preuve de compassion.13) Perdre patience :
S'attendre à des améliorations rapides peut être une source de frustration pour vous et de pression supplémentaire pour la personne malade. Guérir une dépression demande avant tout un traitement approprié et du temps. Être patient avec quelqu'un qui souffre de dépression, c'est lui offrir une chance de se sentir compris et soutenu.
14) Suggérer des thérapies alternatives :
Conseiller à une personne en dépression d'utiliser des thérapies alternatives sans l’avis d’un professionnel, comporte plusieurs risques, voir l'annexe ci-dessous à ce sujet.
15) Prendre les choses personnellement :
La dépression de votre être cher n'est pas de votre faute, tout comme elle n'est pas la sienne. Essayez de ne pas le prendre personnellement, si votre proche est irritable, insultant ou s'il annule souvent des plans. Il se peut qu'à certains moments, vous ayez besoin de prendre du recul pour vous ressourcer, et c'est tout à fait normal. Cependant, évitez de le blâmer ou de dire des choses qui pourraient renforcer ses sentiments négatifs. N'hésitez pas à vous confier à un thérapeute ou à une personne de confiance pour exprimer ce que vous ressentez.
16) Se décourager :
Soutenir votre proche demandera de votre part non seulement du dévouement, mais aussi une bonne dose de patience. Gardez en tête que certaines personnes déprimées prennent un bon moment pour remonter la pente. Donc ne soyez pas déçu s’il y a peu de progrès à court terme. Pour éviter votre découragement, prenez bien soin de vous, afin de mieux aider votre proche déprimé.17) Négliger de prendre soin de soi :
Accompagner votre proche demandera non seulement de la bienveillance, mais aussi énormément de temps et d'effort. Pour éviter l'épuisement, prenez régulièrement du temps pour vous détendre, parler à un ami ou même consulter un thérapeute si nécessaire. En prenant soin de vous, vous améliorez votre capacité à accompagner votre proche de manière durable et positive.
18) Négliger d'encourager la consultation :
La dépression est une maladie complexe qui nécessite une aide médicale pour être traitée efficacement. Un professionnel de la santé mentale peut offrir une évaluation, un diagnostic et un traitement adaptés à ses besoins. La thérapie et, parfois, des médicaments peuvent être nécessaires pour l'aider à gérer ses symptômes et à retrouver une qualité de vie. Soyez son allié pour franchir cette porte, incitez respectueusement votre proche à consulter des professionnels de la santé.
Conclusion :
La dépression est une maladie complexe qui exige une approche empreinte de patience, de compréhension et d'une profonde humanité. En évitant ces pièges et en cultivant une attitude de soutien aimant et éclairé, vous deviendrez un phare précieux sur le chemin du mieux-être de votre proche.
