115 citations de Christian BOBIN
- Autoportrait au radiateur, 1997
- La dame blanche, 2007
- La femme à venir, 1990
- La folle allure, 1995
- La grande vie, 2014
- La lumière du monde, 2001
- La merveille et l’obscur, 1991
- La Plus que vive, 1996
- L’autre visage, 1991
- Le Très-Bas, 1992
- Le huitième jour de la semaine, 1986
- L’épuisement : Un orage, 2012
- Les ruines du ciel, 1995
- L’inespérée, 1994
- Ressusciter, 2001
- Une petite robe de fête, 1991
- Référence unique
- Sans référence
- Courte biographie
- L’amour donné un jour, c’est pour toujours qu’il est donné.
- Ce que je trouve est mille fois plus beau que ce que je cherche.
- Ce que je connais, je ne l’écris pas. Ce que je ne connais pas, je l’écris.
- C’est l’imprévu que j’espère, et lui seul. Partout, toujours. Dans les plis d’une conversation, dans le gué d’un livre, dans les subtilités d’un ciel. Je le guette autant que je l’espère.
- Je n’aime pas ceux qui parlent de Dieu comme d’une valeur sûre. Je n’aime pas non plus ceux qui en parlent comme d’une infirmité de l’intelligence. Je n’aime pas ceux qui savent, j’aime ceux qui aiment.
- Petite fille, tu as couru pendant tes quatre premières années sur la terre maternelle, puis, cette terre s’est ouverte, effondrée d’un seul coup, et il t’a été donné d’apprendre l’essentiel : que le fond de cette vie terrestre n’est pas sûr, qu’il est friable, mouvant, instable. C’est une bonne découverte, mais elle est venue pour toi un peu tôt. Nous avons besoin de nous tromper avant d’accéder à la vérité. Nous avons besoin de croire à l’éternité de ceux qui nous aiment pour grandir et un jour comprendre, sans en être détruit, que cette éternité-là est mensongère et qu’il nous faut désormais aimer sans rien attendre de l’amour, hors la joie présente qu’il donne et avec quoi il se confond.
- Le paradis est l’endroit où nous n’aurons plus besoin d’être rassurés.
- Il n’y a pas de plus grande joie que de connaître quelqu’un qui voit le même monde que nous. C’est apprendre que l’on n’était pas fou.
- Si je lis un livre et qu’il rend tout mon corps si glacé qu’aucun feu ne pourra jamais me réchauffer, je sais alors que c’est de la poésie. Si je sens le sommet de ma tête arraché, je sais aussi qu’il s’agit de poésie. Ce sont mes deux seules façons de le savoir. Y en a-t-il d’autres ? » Higginson ne peut répondre. Il n’a jamais imaginé que la poésie puisse être une affaire virale, l’apothéose de toutes lucidités, l’arrachement du bandeau que la vie met sur les yeux des vivants pour qu’ils n’aient pas trop peur à cet instant dernier qu’est chaque instant passant.
- Bien peu de gens savent aimer.
- Se quitter soi-même, la seule manière de tout quitter.
- Connaissez-vous la douleur de l’ennui. Car c’est une douleur, la plus minutieuse. Elle se glisse au fond de l’âme, elle se niche entre les dents. On mange sans goût, on vit sans voir.
- Les gens on les aime tout de suite ou jamais.
- Qu’importe ce qui devrait être : ce qui est, suffit à ma joie.
- Le besoin de créer est dans l’âme comme le besoin de manger dans le corps.
- Ce qu’on pressent d’une chose est bien plus éprouvant que la chose elle-même.
- Rien n’est plus désolant que ces gens qui ne disent et ne font jamais rien de « déplacé ». Certaines personnes récitent leur vie comme une leçon apprise par cœur, sans jamais faire la moindre faute. Je ne sais pas ce qui est le pire, de ne s’adapter en rien au monde, ou de s’y adapter en tout, des fous ou des gens dits convenables, convenus. Je sais que j’ai moins peur des fous, je crois qu’ils sont bien moins dangereux.
- Un visage humain, c’est une lettre à déchiffrer.
- L’écriture c’est un ange. Un sourire qui cherche la sortie.
- Vos poèmes sont si fins qu’ils se glissent entre la fleur et l’éclat de la fleur.
- L’humanité a faim, plus encore que de pain ou de sexe, d’une vraie gaieté.
- L’écriture est une petite fille qui parle à sa poupée. Les grands yeux d’encre de la poupée lui répondent, et par cette réponse un ciel se rouvre.
- Une belle vie, c’est une vie où on a beaucoup souffert.
- L’amour, c’est notre pensée précipitée vers le cœur de l’autre comme vers un aimant.
- Il y a plus fort que le malheur, c’est l’espérance. L’espérance, c’est simplement la pensée rafraîchissante qu’il existe autre chose que ce monde.
- Aimer quelqu’un, c’est le lire. C’est savoir lire toutes les phrases qui sont dans le cœur de l’autre, et en lisant le délivrer. C’est déplier son cœur comme un parchemin et le lire à haute voix, comme si chacun était à lui-même un livre écrit dans une langue étrangère. Il y a plus de texte écrit sur un visage que dans un volume de la Pléiade et, quand je regarde un visage, j’essaie de tout lire, même les notes en bas de page.
- L’amour ce n’est pas le sacrifice, c’est le don de soi-même.
- La vie conjugale acclimate l’amour, elle l’installe à côté des autres choses.
- Les hommes ? On vante aujourd’hui les mérites de l’entrepreneur, les vertus du chef d’industrie. On oublie trop que celui qui veut régner sur les choses doit inévitablement commencer par régner sur les hommes qui fabriqueront ces choses. Triompher dans les affaires c’est toujours triompher sur les autres, s’enrichir de leur défaite.
- Plus on s’approche de la lumière, plus on se connaît plein d’ombres.
- Rien dans cette vie n’est vain. Rien dans cette vie ne dépend de nous. Cette vie nous est donnée, et avec elle nous est donnée bien plus que ce qui nous sera repris le jour de notre mort.
- La joie est la matière la plus rare du monde. Elle n’a rien à voir avec l’euphorie, l’optimisme ou l’enthousiasme. Elle n’est pas un sentiment. Tous nous sentiments sont soupçonnables. La joie ne vient pas du dedans, elle surgit du dehors, une chose de rien, circulante, aérienne, volante.
- Toutes les mères sont impossibles, qu’elles aiment trop ou qu’elles n’aiment pas assez. Il n’y a pas en la matière de juste mesure. Tu as tout donné à tes enfants. Tu leur as même donné des armes pour résister à ta folie d’amour, pour trouver cet espace, en eux, qui leur était nécessaire, où personne n’a le droit d’entrer et surtout pas une mère.
- On vit à la mesure de son espérance.
- Ce qui est impossible à comprendre est tellement simple à vivre.
- L’amour est l’éveil chaque fois réinventé, chaque fois une première fois.
- Il est bon pour l’enfant d’avoir ses deux parents, chacun le protégeant de l’autre !
- Ses jours sont à l’homme ce que ses peaux sont au serpent. Ils luisent un temps au soleil puis se détachent de lui.
- Au départ le fou et le saint ont cette même insensée prétention de dire la vérité. C’est après que cela se gâte. Le fou est celui qui, énonçant la vérité, la rabat sur lui, la capte à son profit. Le saint est celui qui, énonçant la vérité, la renvoie aussitôt à son vrai destinataire, comme on rajoute sur une enveloppe l’adresse qui manquait.
- Tristesse : la fatigue qui entre dans l’âme. Fatigue : la tristesse qui entre dans la chair.
- Des savants ont écrit que, moins un mot était prononcé, plus il se faisait entendre, car, assuraient-ils, ce qui ne peut danser au bord des lèvres, s’en va hurler au fond de l’âme.
- La leçon de peinture est une leçon de bonté.
- Peut-être n’est-ce que cela le monde : ce mauvais silence imposé à nos vies.
- Le sommeil est un mystère et, en tant que tel, il touche la mort d’un côté, et l’amour de l’autre.
- Combien de mois, combien de vies faut-il pour écrire une phrase qui égale en puissance la beauté des choses ?
- Leçon ancestrale, coutume venue de la nuit des temps : attendre infiniment, mais sans rien attendre de personne.
- La beauté est l’ensemble de ces choses qui nous traversent et nous ignorent, aggravant soudain la légèreté de vivre.
- Dans le monde, on ne dit rien, avec beaucoup de mots. Dans les livres on n’en dit pas plus, mais avec d’autres mots.
- Oui, c’est un pur miracle, que par des mots enterrés dans des livres, l’on puisse raviver une source, rafraîchir un jardin.
- Il y a une joie élémentaire de l’univers, que l’on assombrit chaque fois que l’on prétend être quelqu’un, ou savoir quelque chose.
- Il faut vouloir ce que l’on aime, et il faut le vouloir d’une volonté profonde, pure de toute impatience, comme obscure à elle-même.
- Si la vérité nous fait parfois défaut, c’est parce que nous avons commencé à lui manquer, en prétendant la régenter et la connaître.
- Tout ce qui nous arrive nous survit ainsi, en souffrance dans l’espace. En attente. Échappant aux mots comme à l’absence de mots.
- Lumière, présence sans défaut. Elle recense chaque grain de l’air, comme dans l’enfance on compte les années à venir et les noces promises.
- Aucun livre ne peut nous sauver de notre vie. Aucune parole ne sait recueillir ces éclats qui nous reviennent et nous élancent, empêchant le soir de descendre, la paix de venir.
- C’est à une fête infinie que nous invitent les plus humbles choses – les fruits comme les pierres, les herbes comme les astres et il nous faut, pour en jouir, apprendre ce toucher immédiat de l’esprit dont les peintres ont le privilège.
- Devenir adulte, c’est oublier ce que l’on ne peut s’empêcher de savoir et dans quoi l’enfant – parce que la force lui est donnée avec sa faiblesse – passe ses heures : le désarroi des mots, la carence des amours et la lente corruption des rêves, soumis à tous les vents.
- Le silence est la plus haute forme de pensée, et c’est en développant en nous cette attention muette au jour, que nous trouvons notre place dans l’absolu qui nous entoure. Il nous appartient – quand tout nous fait défaut et que tout s’éloigne – de donner à notre vie la patience d’une oeuvre d’art, la souplesse des roseaux que la main froisse, en hommage à l’hiver.
- L’écriture c’est le cœur qui éclate en silence.
- Qui a vu un petit enfant éclater de rire a tout vu de cette vie.
- Le travail c’est du temps transmué en argent, l’écriture c’est le même temps changé en or.
- Toute lecture qui ne bouleverse pas la vie n’est rien, n’a pas eu lieu, n’est pas même du temps perdu, est moins que rien.
- Allant et revenant, j’avance dans ce livre à la manière des écureuils dans les parcs, par bonds, retours et immobilités soudaines.
- Ce qui nous incite à chercher c’est l’espérance et elle est inépuisable, même chez le plus désespéré des hommes. Personne ne peut vivre une seconde sans espérer.
- Les parfums des fleurs sont les paroles d’un autre monde.
- La vérité est une ambiance : on ouvre un livre, on entre dans une pièce et on sait.
- La mort nous prendra tous un par un, aussi innocemment qu’une petite fille cueillant une à une les fleurs d’un pré.
- L’art de vivre consiste à garder intact le sentiment de la vie et à ne jamais déserter le point d’émerveillement et de sidération qui seul permet à l’âme de voir.
- L’intelligence n’est pas affaire de diplômes.
- L’intellectuel se distingue au tombé de sa parole.
- C’est une chose qui arrive souvent : on peut rester dix ans célibataire dans un mariage. On peut parler des heures sans dire un mot.
- L’intelligence est la force, solitaire, d’extraire du chaos de sa propre vie la poignée de lumière suffisante pour éclairer un peu plus loin que soi, vers l’autre là-bas.
- La parole est une denrée périssable, éphémère. Elle se teinte de toutes les circonstances de son apparition. Les mêmes mots prononcés dans des lieux différents, ne sont pas les mêmes mots.
- Au regard du monde, les gens de pouvoir tiennent la place la plus haute. Au regard de l’esprit, ils occupent la place la plus basse et n’appellent que cette compassion que l’on éprouve devant les lourdes infirmités.
- La vulgarité, on dit aux enfants qu’elle est dans les mots. La vraie vulgarité de ce monde est dans le temps, dans l’incapacité de dépenser le temps autrement que comme des sous, vite, vite, allez d’une catastrophe aux chiffres du tiercé, vite glisser sur des tonnes d’argent et d’inintelligence profonde de la vie, de ce qu’est la vie dans sa magie souffrante, vite aller à l’heure suivante et que surtout rien n’arrive, aucune parole juste, aucun entonnement pur.
- On ne peut bien voir qu’à condition de ne pas chercher son intérêt dans ce qu’on voit.
- La vérité est sur la terre comme un miroir brisé dont chaque éclat reflète la totalité du ciel.
- Il y a une étoile mise dans le ciel pour chacun de nous, assez éloignée pour que nos erreurs ne viennent jamais la ternir.
- Le cœur des morts est une boîte à musique. À peine commence-t-on à penser à eux qu’il en sort un air léger et déchirant.
- Ce n’est pas sa beauté, sa force et son esprit que j’aime chez une personne, mais l’intelligence du lien qu’elle a su nouer avec la vie.
- Ils se vantent d’avoir l’esprit libre et, lorsqu’on leur parle de Dieu, deviennent aussi furieux qu’un chien tirant sur sa chaîne au passage d’un vagabond.
- Quinze secondes de pureté par-ci, dix autres secondes par-là : avec un peu de chance il y aura eu dans ma vie, quand je la quitterai, assez de pureté pour faire une heure.
- Il y a peu de joies dans ce monde qui ne soient secrètement teintées de mélancolie et c’est joie sans défaut que de découvrir une âme pure. Ce sont des âmes qui ressemblent aux premiers livres pour enfants : elles contiennent aussi peu de mots et sont aussi coloriées.
- Je ne sais quoi penser de la mort. Elle me semble étrange, mais pas plus au fond que l’amour ou le ciel dans les yeux des nouveau-nés. La mort, l’amour et les yeux brûlants de bleu sont des choses pures et légendaires. Je les regarde sans comprendre, comme dans la terrible nuit des contes on regarde les fenêtres illuminées d’une maison dans la forêt, là-bas, au loin, très loin.
- J’ai pendant un an rendu visite à mon père dans la maison où sa mémoire jour après jour rétrécissait comme une buée sur du verre, au toucher du soleil. Il ne me reconnaissait pas toujours et cela n’avait pas d’importance. Je savais bien, moi, qu’il était mon père. Il pouvait se permettre de l’oublier. Il y a parfois entre deux personnes un lien si profond qu’il continue à vivre même quand l’un des deux ne sait plus le voir.
- La terre se couvre d’une nouvelle race d’hommes à la fois instruits et analphabètes, maîtrisant les ordinateurs et ne comprenant plus rien aux âmes, oubliant même ce qu’un tel mot a pu jadis désigner. Quand quelque chose de la vie les atteint malgré tout, un deuil ou une rupture, ces gens sont plus démunis que des nouveau-nés. Il leur faudrait alors parler une langue qui n’a plus cours, autrement plus fine que le patois informatique.
- Je suis un jour entré dans un lien où chaque parole de l’un était recueillie sans faute par l’autre. Il en allait de même pour chaque silence. Ce n’était pas cette fusion que connaissent les amants à leurs débuts et qui est un état irréel et destructeur. Il y avait dans l’amplitude de ce lien quelque chose de musical et nous y étions tout à la fois ensemble et séparés, comme les deux ailes diaphanes d’une libellule. Pour avoir connu cette plénitude, je sais que l’amour n’a rien à voir avec la sentimentalité qui traîne dans les chansons et qu’il n’est pas non plus du côté de la sexualité dont le monde fait sa marchandise première, celle qui permet de vendre toutes les autres. L’amour est le miracle d’être un jour entendu jusque dans nos silences, et d’entendre en retour avec la même délicatesse : la vie à l’état pur, aussi fine que l’air qui soutient les ailes des libellules et se réjouit de leur danse.
- Qui n’a pas connu l’absence ne sait rien de l’amour.
- Vous ouvrez le livre un vendredi soir, vous atteignez la dernière page un dimanche dans la nuit. Après, il faut sortir, retourner dans le monde. C’est difficile. C’est difficile d’aller de l’inutile, la lecture, à l’utile, le mensonge. Au sortir d’un grand livre, vous connaissez toujours ce fin malaise, ce temps de gène. Comme si l’on pouvait lire en vous. On ne va pas dans la rue avec un visage aussi nu, il faut attendre un peu.
- L’état de crise est l’état naturel du monde : une guerre après l’autre, une invention après l’autre, un chiffre d’affaires sur un taux de suicides, une famine sur des parfums de luxe. Dans le monde tout se mélange. Dans le monde tout va ensemble, sauf l’amour. Il ne va avec rien. Il n’est nulle part. Il manque. Il manque comme le pain dans les périodes de guerre, comme le souffle dans la gorge des mourants. Il manque comme le temps dans les jeux de l’enfance.
- Plus redoutable que la mort, c’est une vie sans amour. (Le Christ aux coquelicots, 2002)
- La plus belle vie est celle qui exprime ce que la vie a de beau. (Prisonnier du berceau, 2005)
- Personne, jamais, ne fera voir à un homme amoureux ce qu’il ne veut pas voir. (Louise Amour)
- Les secrets sont des piments sur le bout de la langue : tôt ou tard ils mettent la bouche en feu. (Geai, 1998)
- Arrachez-moi le cœur, je garderai toujours confiance dans la vie sainte. (Une bibliothèque de nuages, 2006)
- Pour être dans une solitude absolue, il faut aimer d’un amour absolu. (Un désordre de pétales rouges, 2002)
- Ce n’est pas pour devenir écrivain qu’on écrit. C’est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour. (La part manquante)
- Nous n’habitons pas des régions, nous n’habitons même pas la terre. Le cœur de ceux que nous aimons est notre vraie demeure. (La plus que vive)
- La cage des conventions qui est autour des gens s’ouvre parfois. Les barreaux des paroles prévisibles sont sciés par la lime d’un silence ou d’une fatigue et la personne apparaît alors dans toute sa royauté. (Prisonnier au berceau)
- Ceux qui savent nous aimer nous accompagnent jusqu’au seuil de notre solitude puis restent là, sans faire un pas de plus. Ceux qui prétendent aller plus loin dans notre compagnie restent en fait bien plus en arrière. (L’éloignement du monde, 1993)
- C’est une chose étrange que l’absence. Elle contient tout autant d’infini que la présence. J’ai appris cela dans l’attente, j’ai appris à aimer les heures creuses, les heures vides ;: c’est si beau d’attendre celle que l’on aime. (Souveraineté du vide suivi de Lettres d’or, 1995)
- Un rayon de soleil vaut tous les livres du monde.
- Un vrai livre, c’est toujours quelqu’un qui entre dans notre solitude.
- Les louanges sont des flèches dont la petite pointe d’or est trempée dans du poison.
- Voir, entendre, aimer. La vie est un cadeau dont je défais les ficelles chaque matin, au réveil.
- Aimer, c’est prendre soin de la solitude de l’autre sans jamais la combler, ni même la connaître.
- Quand on aime quelqu’un, on a toujours quelque chose à lui dire ou à lui écrire, jusqu’à la fin des temps.
- Un peintre, c’est quelqu’un qui essuie la vitre entre le monde et nous, avec un chiffon de lumière imbibé de silence.
- Il nous faut naître deux fois pour vivre un peu, ne serait-ce qu’un peu : Il nous faut naître par la chair et ensuite par l’âme.
- L’enfant qui dessine va droit à l’essentiel. Il suit la perspective du cœur qui dessine ce qui n’est pas, pour mieux voir ce qui est.
- Il y a ces deux choses en nous : l’amour et la solitude. Elles sont entre elles comme deux chambres reliées par une porte étroite.
- Quelques mots pleins d’ombre peuvent changer une vie. Un rien peut vous donner à votre vie, un rien peut vous en enlever. Un rien décide de tout.
- Tu sais ce que c’est la mélancolie ? Tu as déjà vu une éclipse ? Eh bien, c’est ça : la lune qui se glisse devant le cœur, et le cœur qui ne donne plus sa lumière.
- Tu es l’air qui ne me fait jamais défaut, cet air si nécessaire à la pensée et au rire, cet air qui rafraîchit mon cœur et fait de ma solitude une place battue par tous les vents.
- L’empathie c’est, à la vitesse de l’éclair, sentir ce que l’autre sent et savoir qu’on ne se trompe pas, comme si le cœur bondissait de la poitrine pour se loger dans la poitrine de l’autre.
- Très peu de vraies paroles s’échangent chaque jour, vraiment très peu. Peut-être ne tombe-t-on amoureux que pour enfin commencer à parler. Peut-être n’ouvre-t-on un livre que pour enfin commencer à entendre.
- Une des plus fines expériences de la vie est de cheminer avec quelqu’un dans la nature, parlant de tout et de rien. La conversation retient les promeneurs auprès d’eux-mêmes, et parfois, quelque chose du paysage impose le silence.
- Si on veut transmettre quelque chose dans cette vie, c’est par la présence bien plus que par la langue et par la parole. La parole doit venir à certains moments, mais ce qui instruit et ce qui donne, c’est la présence. C’est elle qui est silencieusement agissante.
- La mort tombe dans la vie comme une pierre dans un étang : d’abord, éclaboussures, affolements dans les buissons, battements d’ailes et fuites en tout sens. Ensuite, grands cercles sur l’eau, de plus en plus larges. Enfin le calme à nouveau, mais pas du tout le même silence qu’auparavant, un silence, comment dire : assourdissant.
1 Citations de Christian Bobin dans : Autoportrait au radiateur, 1997
2 Citations de Christian Bobin dans : La dame blanche, 2007
3 Citations de Christian Bobin dans : La femme à venir, 1990
4 Citations de Christian Bobin dans : La folle allure, 1995
5 Citations de Christian Bobin dans : La grande vie, 2014
6 Citations de Christian Bobin dans : La lumière du monde, 2001
7 Citations de Christian Bobin dans : La merveille et l’obscur, 1991
8 Citations de Christian Bobin dans : La Plus que vive, 1996
9 Citations de Christian Bobin dans : L’autre visage, 1991
10 Citations de Christian Bobin dans : Le Très-Bas, 1992
11 Citations de Christian Bobin dans : Le huitième jour de la semaine, 1986
12 Citations de Christian Bobin dans : L’épuisement : Un orage, 2012
13 Citations de Christian Bobin dans : Les ruines du ciel, 1995
14 Citations de Christian Bobin dans : L’inespérée, 1994
15 Citations de Christian Bobin dans : Ressusciter, 2001
16 Citations de Christian Bobin dans : Une petite robe de fête, 1991
17 Citations de Christian Bobin avec référence unique
18 Citations de Christian Bobin sans référence
19) Courte biographie de Christian Bobin (1951-2022)
Christian Bobin est un écrivain et poète français né à Lyon. Il a étudié la philosophie et la littérature à l’Université de cette ville et a publié ses premiers livres dans les années 1980. Sa prose poétique et sa réflexion profonde sur l’absurdité de la vie humaine ont contribué à son grand succès. Ses ouvrages les plus connus sont notamment « Le Livre des absences », « Le Très-Bas » et « L’Invention du désir ». Christian Bobin a reçu plusieurs prix littéraires, tels que le Prix de la Société des Gens de Lettres pour « Le Livre des absences » en 1988. En plus de ses livres, il a également rédigé des pièces de théâtre et des textes radiophoniques. Ses écrits sont souvent inspirés de sa spiritualité et de foi chrétienne. Christian Bobin est décédé du cancer à Chalon-sur-Saône le 23 novembre 2022.