Courte biographie de Baltasar Gracián y Morales (1601-1658)
Écrivain et religieux espagnol, Baltasar Gracián est l‘un des plus talentueux prosateurs du ‘conceptisme‘ baroque. Fils d‘un médecin aragonais, il est élevé par un prêtre, son oncle. Il étude à l‘école jésuite de Saragosse de 1616 à 1619 où il devint novice à 18 ans. Puis en 1621, il étudie la philosophie au collège de Calatayud et la théologie à Saragosse en 1623. Il est ordonné prêtre en 1627 et rejoint la Compagnie de Jésus en 1633. Il enseigne ensuite dans plusieurs écoles de cette congrégation. En 1640, Baltasar Gracian devint le confesseur du vice-roi d‘Aragon, l‘Italien Francesco Maria Carafa, duc de Nocera, qu‘il accompagne à la cour de Philippe IV, à Madrid. De plus en 1649, il est l‘aumônier de l‘armée qui reprit Lérida aux troupes françaises du comte d‘Harcourt, lors de la guerre des faucheurs. Le zèle dont il fait preuve à cette occasion lui attire l‘éloge des officiers espagnols, qui le surnomment ‘le Père la Victoire‘. Ensuite, Gracián est nommé recteur de la Compagnie de Jésus à Tarragone, où il rédige El Héroe (Le Héros), El Político (Le Politique) et El Discreto (L‘Homme universel), ouvrages signés du semi-pseudonyme de Lorenzo Gracián (Lorenzo était le prénom de l‘un de ses frères.). À cause de la publication de ses œuvres, Gracián a de multiples démêlés avec ses supérieurs. En 1651, il publie la première partie du Criticon sans l‘autorisation de ceux-ci. Ce fait est d‘autant plus grave que sa congrégation ne cesse de rappeler à ses membres que, face aux attaques de ses détracteurs, ils se devaient de conserver une attitude et un comportement irréprochables. Malgré les avertissements, il publie en 1654 la seconde partie du Criticon. En 1655, Baltasar Gracián semble enfin rentrer dans le rang, au grand soulagement de Jésuites. Il sollicite leur approbation, qu‘il obtient, afin de publier sous son véritable nom, et en sa qualité de jésuite, un ouvrage de piété : El Comulgatorio (L‘Art de communier). Mais par la suite il récidive en publiant sans autorisation la troisième partie du Criticon, ceci offusque grandement le Supérieur général. Il est donc sanctionné et doit partir en exil à Graus, où il doit vivre de pain et d‘eau seulement. À cause de ce régime sévère, sa santé décline rapidement. Il meure l‘année suivante. L‘œuvre de Baltasar Gracián peut être divisée en deux parties : dans la première, qui va du Héros à L‘Homme de cour, il construit la figure de « L‘Homme universel », sorte de héros doué des vertus nécessaires à la réussite dans la société. Dans la seconde partie de son œuvre, constituée par le Criticon, Gracián anéantit cette figure patiemment construite dans ses ouvrages antérieurs.
Œuvres :
- René Bouvier, Le Courtisan, l‘honnête homme, le héros : pour présenter Le Héros, de Baltasar Gracián, 1937
- L‘Homme de cour, avec une préface-essai de Marc Fumaroli, traduit de l‘espagnol par Amelot de la Houssaie, Gallimard
- L‘Homme de cour. Traduit de l‘espagnol par Amelot de la Houssaie, Champ Libre, 1972
- L‘Art de la Prudence. Préface de Jean-Claude Masson, Paris: Rivages, 1994.
- Le Héros. Traduit de l‘espagnol par Joseph de Courbeville, Champ Libre, 1973 ; éd. bilingue chez Sulliver, 1996
- L‘Homme universel. Traduit de l‘espagnol par Joseph de Courbeville, Champ Libre, 1980
- Le Politique Dom Ferdinand le Catholique. Traduit de l‘espagnol par Joseph de Courbeville, éditions Gérard Lebovici, 1984 ; rééd. PUF, 2010
- Art et figures de l‘esprit. Traduit de l‘espagnol par Benito Pelegrín, Seuil, Paris, 1983.
- Traités politiques, esthétiques, éthiques. Traduit de l‘espagnol par Benito Pelegrín, Seuil, 2005
- Le Criticon