80 citations de Baltasar Gracián
- Pour vivre, laissez vivre.
- Le secret excite la vénération.
- Ce qui est bien dit se dit en peu.
- Mettez en tout un grain d‘audace
- Un grain de gaieté assaisonne tout.
- La passion bannit toujours la raison.
- La vérité flâne derrière le mensonge.
- Les amis sont une seconde existence.
- Le bon goût assaisonne toute une vie.
- Estime-toi, si tu veux que l‘on t‘estime.
- Savoir vivre est aujourd‘hui le vrai savoir.
- La chance qui dure est toujours suspecte.
- Celui qui montre son jeu risque de le perdre.
- L‘imagination porte bien plus loin que la vue.
- Rien n‘est plus difficile que savoir demander.
- Dissimuler est le principal moyen de gouverner.
- La politesse devient ridicule si elle est excessive.
- L‘irrésolution est pire que la mauvaise exécution.
- Mieux vaut être fou avec tous que sage tout seul.
- Ne combat jamais un homme qui n‘a rien à perdre.
- C’est un bonheur plutôt qu’un art de savoir oublier.
- La science est stérile, si la valeur ne l‘accompagne.
- À quoi sert le savoir, s‘il ne se met pas en pratique ?
- Beaucoup seraient sages s‘ils ne croyaient pas l‘être.
- Il faut un grand jugement pour mesurer celui d‘autrui.
- Un grain de hardiesse tient lieu d’une grande habileté.
- Savoir partager son temps, c‘est savoir jouir de la vie.
- Il vaut mieux savoir conserver ses amis que ses biens.
- Le sage fait tout de suite ce que le sot fait tardivement.
- Il n‘y a point de désert si affreux que de vivre sans amis.
- Qui a confié son secret à un autre s‘est fait son esclave.
- Réfléchir trop tard n‘est pas un remède mais un chagrin.
- La flèche perce le corps, mais l‘insulte transperce l‘âme.
- La présence diminue la réputation, l‘absence l‘augmente.
- Il faut être tel que l‘on n‘ait pas à rougir devant soi-même.
- Nous n‘avons rien à nous que le temps. (Oraculo manual)
- Contente-toi de faire, et laisse aux autres le plaisir de dire.
- Il y a des miroirs pour le visage, il n‘y en a pas pour l‘esprit.
- Penser avec le petit nombre et se faire entendre de la masse.
- Pour un seul mensonge on perd tout ce qu‘on a de bon renom.
- Il y a deux choses qui abrègent la vie : la folie et la méchanceté.
- Le premier signe de l‘ignorance, c‘est de présumer que l‘on sait.
- Une grande action doit servir d‘aiguillon à de plus grandes actions.
- Qui dit du mal d‘autrui s‘en fait toujours dire sur lui-même davantage.
- Le silence est le sanctuaire de la prudence. (L‘homme de cour, 1646)
- Il n‘y a point de contagion plus dangereuse que celle des malheureux.
- La possession augmente le chagrin, soit à prêter, soit à ne pas prêter.
- Les vérités qui nous importent le plus ne sont jamais dites qu‘à moitié.
- L‘amour introduit la familiarité, et à mesure qu‘elle entre, l‘estime sort.
- Chacun juge selon son caprice ou son humeur, et pas un selon la vérité.
- Si l‘on connaît le point faible de quelqu‘un on peut le mener où l‘on veut.
- Le remède au mal consiste parfois à oublier le mal et à oublier le remède.
- Le sage tire plus de profit de ses ennemis que le fou n‘en tire de ses amis.
- Quand le mensonge va toujours le premier, la vérité ne trouve plus de place.
- Il y a des occasions où le meilleur savoir consiste à feindre de ne pas savoir.
- Ce n‘est pas être fou que de faire une folie, mais bien de ne pas savoir la cacher.
- L‘homme qui en a compris un autre est en état de le dominer. (Le héros, I, 1637)
- Une personne indiscrète est comme une lettre ouverte que tout le monde peut lire.
- Les beaux faits sont la substance de la vie, et les beaux mots en sont l‘ornement.
- Il faut vouloir quand on le peut ; car ni la saison ni le temps n‘attendent personne.
- La médiocrité obtient plus en s‘appliquant que la supériorité qui ne s‘applique pas.
- Oui et non sont bien courts à dire : mais avant de les dire, il faut penser longtemps.
- Quelque grand que soit le poste, celui qui le tient doit se montrer encore plus grand.
- Ayez toujours quelque chose à désirer ; sinon votre bonheur vous rendra malheureux.
- On coupe le passage à l‘injure en la prévenant par une courtoisie. (L‘Homme de cour)
- Les plaintes excitent plutôt la passion à nous offenser que la compassion à nous consoler.
- Il est très difficile de se guérir de la bonne opinion de soi-même. (L‘homme de cour, 1646)
- Savoir refuser est d‘aussi grande importance que savoir octroyer. (L‘homme de cour, 1646)
- Un tiède oui d‘un grand homme est plus à estimer que l‘applaudissement de tout un peuple.
- On ne doit point abuser de ses amis, ni rien exiger d‘eux au-delà de ce qu‘ils accordent volontiers.
- Bien des hommes ne parlent et n‘agissent selon ce qu‘ils sont, mais selon l‘impression des autres.
- Il faut faire ce qui est facile comme une chose difficile et ce qui est difficile comme une chose facile.
- La vérité arrive toujours la dernière, et fort tard, parce qu‘elle a pour guide un boiteux, qui est le temps.
- La vertu n‘a besoin que d‘elle-même ; elle rend l‘homme aimable durant sa vie, et mémorable après sa mort.
- Toutes les vérités ne se peuvent pas dire : les unes parce qu‘elles m‘importent, et les autres parce qu‘elles importent à autrui.
- Si l‘on entre par la porte du plaisir dans la maison de la fortune, l‘on en sort d‘ordinaire par la porte du chagrin ; ainsi du contraire.
- C‘est faire en homme sage de ne parler jamais en superlatifs, car cette manière de parler blesse toujours, ou la vérité, ou la prudence.
- Une même chose a différentes faces, selon qu‘on la regarde différemment ; et de là vient que les uns prennent plaisir à tout, et les autres à rien.
- Le soleil change souvent d‘horizon et de théâtre, afin que la privation le fasse désirer quand il se couche, et que la nouveauté le fasse admirer quand il se lève.
- L‘unique règle de plaire est de trouver un appétit que l‘on a laissé affamé. S‘il le faut provoquer, que ce soit plutôt par l‘impatience du désir que par dégoût de la jouissance.
- Les choses ne passent point communément pour ce qu‘elles sont, mais pour ce qu‘elles paraissent. Très peu de gens examinent le fonds ; et tous les autres s‘en tiennent à la surface. Ce n‘est pas assez d‘avoir la raison de son côté, si l‘on a contre soi l‘apparence d‘une mauvaise intention. (Maximes)
Courte biographie de Baltasar Gracián y Morales (1601-1658)
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Écrivain et religieux espagnol, Baltasar Gracián est l‘un des plus talentueux prosateurs du ‘conceptisme‘ baroque. Fils d‘un médecin aragonais, il est élevé par un prêtre, son oncle. Il étude à l‘école jésuite de Saragosse de 1616 à 1619 où il devint novice à 18 ans. Puis en 1621, il étudie la philosophie au collège de Calatayud et la théologie à Saragosse en 1623. Il est ordonné prêtre en 1627 et rejoint la Compagnie de Jésus en 1633. Il enseigne ensuite dans plusieurs écoles de cette congrégation. En 1640, Baltasar Gracian devint le confesseur du vice-roi d‘Aragon, l‘Italien Francesco Maria Carafa, duc de Nocera, qu‘il accompagne à la cour de Philippe IV, à Madrid. De plus en 1649, il est l‘aumônier de l‘armée qui reprit Lérida aux troupes françaises du comte d‘Harcourt, lors de la guerre des faucheurs. Le zèle dont il fait preuve à cette occasion lui attire l‘éloge des officiers espagnols, qui le surnomment ‘le Père la Victoire‘. Ensuite, Gracián est nommé recteur de la Compagnie de Jésus à Tarragone, où il rédige El Héroe (Le Héros), El Político (Le Politique) et El Discreto (L‘Homme universel), ouvrages signés du semi-pseudonyme de Lorenzo Gracián (Lorenzo était le prénom de l‘un de ses frères.). À cause de la publication de ses œuvres, Gracián a de multiples démêlés avec ses supérieurs. En 1651, il publie la première partie du Criticon sans l‘autorisation de ceux-ci. Ce fait est d‘autant plus grave que sa congrégation ne cesse de rappeler à ses membres que, face aux attaques de ses détracteurs, ils se devaient de conserver une attitude et un comportement irréprochables. Malgré les avertissements, il publie en 1654 la seconde partie du Criticon. En 1655, Baltasar Gracián semble enfin rentrer dans le rang, au grand soulagement de Jésuites. Il sollicite leur approbation, qu‘il obtient, afin de publier sous son véritable nom, et en sa qualité de jésuite, un ouvrage de piété : El Comulgatorio (L‘Art de communier). Mais par la suite il récidive en publiant sans autorisation la troisième partie du Criticon, ceci offusque grandement le Supérieur général. Il est donc sanctionné et doit partir en exil à Graus, où il doit vivre de pain et d‘eau seulement. À cause de ce régime sévère, sa santé décline rapidement. Il meure l‘année suivante. L‘œuvre de Baltasar Gracián peut être divisée en deux parties : dans la première, qui va du Héros à L‘Homme de cour, il construit la figure de « L‘Homme universel », sorte de héros doué des vertus nécessaires à la réussite dans la société. Dans la seconde partie de son œuvre, constituée par le Criticon, Gracián anéantit cette figure patiemment construite dans ses ouvrages antérieurs.
Œuvres :
– René Bouvier, Le Courtisan, l‘honnête homme, le héros : pour présenter Le Héros, de Baltasar Gracián, 1937
– L‘Homme de cour, avec une préface-essai de Marc Fumaroli, traduit de l‘espagnol par Amelot de la Houssaie, Gallimard
– L‘Homme de cour. Traduit de l‘espagnol par Amelot de la Houssaie, Champ Libre, 1972
– L‘Art de la Prudence. Préface de Jean-Claude Masson, Paris: Rivages, 1994.
– Le Héros. Traduit de l‘espagnol par Joseph de Courbeville, Champ Libre, 1973 ; éd. bilingue chez Sulliver, 1996
– L‘Homme universel. Traduit de l‘espagnol par Joseph de Courbeville, Champ Libre, 1980
– Le Politique Dom Ferdinand le Catholique. Traduit de l‘espagnol par Joseph de Courbeville, éditions Gérard Lebovici, 1984 ; rééd. PUF, 2010
– Art et figures de l‘esprit. Traduit de l‘espagnol par Benito Pelegrín, Seuil, Paris, 1983.
– Traités politiques, esthétiques, éthiques. Traduit de l‘espagnol par Benito Pelegrín, Seuil, 2005
– Le Criticon