125 citations du Baron de MONTESQUIEU
- La tristesse vient de la solitude du cœur.
- L’effet naturel de l’amour est de rendre heureux ceux qui s’aiment.
- L’espoir de la vengeance flatte plus que la vengeance même.
- L’orgueil, à force de nous posséder, nous empêche de nous posséder.
- La peine de se quitter se joint à l’idée de la douceur de se revoir.
- Le cœur n’est jamais le cœur que quand il se donne.
- Le grand art de régner demande plus de sens que de génie.
- Dans une monarchie bien réglée, les sujets sont comme des poissons dans un grand filet, ils se croient libres et pourtant ils sont pris.
- Quelle lâcheté de se sentir découragé du bonheur des autres et d’être accablé de leur fortune.
- Si je savais quelque chose qui me fût utile, et qui fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie, et qui fût préjudiciable à l’Europe, ou bien qui fût utile à l’Europe et préjudiciable au Genre humain, je la regarderais comme un crime.
- C’est un malheur de n’être point aimée, mais c’est un affront que de ne l’être plus.
- Ce n’est pas assez de dire un bon mot, il faut le répandre et le semer partout.
- Heureux celui qui, connaissant le prix d’une vie douce et tranquille, repose son cœur au milieu de sa famille.
- Il n’y a rien de si désolant que de voir une jolie chose qu’on a dite mourir dans l’oreille d’un sot.
- Il n’y a que deux sortes de guerre justes : les unes qui se font pour repousser un ennemi qui attaque ; les autres, pour secourir un allié qui est attaqué.
- Il y a des hommes très malheureux que personne ne console, ce sont les maris jaloux.
- L’intérêt est le plus grand monarque de la terre. Cette ardeur pour le travail, cette passion de s’enrichir, passe de condition en condition, depuis les artisans jusques aux grands.
- La modestie est une vertu nécessaire à ceux à qui le ciel a donné de grands talents.
- La vanité sert mal ceux qui en ont une dose plus forte que celle qui est nécessaire.
- Le grand tort qu’ont les journalistes, c’est qu’ils ne parlent que des livres nouveaux ; comme si la vérité était jamais nouvelle. Il me semble que, jusqu’à ce qu’un homme ait lu tous les livres anciens, il n’a aucune raison de leur préférer les nouveaux.
- Les hommes flottent sans cesse entre de fausses espérances et des craintes ridicules.
- Les hommes modestes font la douceur et le charme de la vie.
- Les mœurs font toujours de meilleurs citoyens que les lois.
- On peut bien cesser d’être homme, mais non pas d’être sensible.
- Qui fait exécuter les lois doit s’y soumettre.
- Un homme à qui il manque le talent se dédommage en le méprisant.
- Il est vrai que dans les démocraties le peuple paraît faire ce qu’il veut ; mais la liberté politique ne consiste point à faire ce que l’on veut. Dans un État, c’est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu’à vouloir faire ce que l’on doit vouloir, et à n’être pas contraint de faire ce que l’on ne doit pas vouloir. Il faut se mettre dans l’esprit ce que c’est que l’indépendance, et ce que c’est que la liberté. La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent ; et si un citoyen pouvait faire ce qu’elles défendent, il n’aurait plus de liberté, parce que les autres auraient tout de même ce pouvoir.
- C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites.
- Dans l’état de nature, les hommes naissent bien dans l’égalité ; mais ils n’y sauraient rester. La société la leur fait perdre, et ils ne redeviennent égaux que par les lois.
- Il n’y a point de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice.
- Il nous est bien plus évident qu’une religion doit adoucir les mœurs des hommes, qu’il ne l’est qu’une religion soit vraie.
- L’État […] doit à tous les citoyens une subsistance assurée, la nourriture, un vêtement convenable, et un genre de vie qui ne soit pas contraire à sa santé.
- L’extrême obéissance suppose de l’ignorance dans celui qui obéit.
- Le gouvernement est comme toutes les choses du monde ; pour le conserver, il faut l’aimer.
- Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires.
- Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir.
- Une religion qui peut tolérer les autres ne songe guère à sa propagation.
- Aimer à lire, c’est faire un échange des heures d’ennui que l’on doit avoir en sa vie, contre des heures délicieuses.
- Ce qui m’a toujours beaucoup nui, c’est que j’ai toujours méprisé ceux que je n’estimais pas.
- Ce qui manque aux orateurs en profondeur, ils vous le donnent en longueur.
- Cherchons à nous accommoder à cette vie ; ce n’est point à cette vie à s’accommoder à nous.
- Dans les conversations et à table, j’ai toujours été ravi de trouver un homme qui voulût prendre la peine de briller : un homme de cette espèce présente toujours le flanc, et tous les autres sont sous le bouclier.
- Dans les livres, on trouve les hommes meilleurs qu’ils ne sont : amour-propre de l’auteur, qui veut toujours passer pour plus honnête homme en jugeant en faveur de la vertu. Les auteurs sont des personnages de théâtre.
- En fait de parure, il faut toujours rester au-dessous de ce qu’on peut.
- Il faudrait convaincre les hommes du bonheur qu’ils ignorent, lors même qu’ils en jouissent.
- Il n’est pas étonnant qu’on ait tant d’antipathie pour les gens qui s’estiment trop : c’est qu’il n’y a pas beaucoup de différence entre s’estimer beaucoup soi-même et mépriser beaucoup les autres.
- Il y a autant de vices qui viennent de ce qu’on ne s’estime pas assez, que de ce qu’on s’estime trop.
- Il y a bien des gens qui ne regardent pour nécessaire que ce qui est superflu.
- Il y a bien peu de vanité à croire qu’on a besoin des affaires pour avoir quelque mérite dans le monde, et de ne se juger plus rien lorsqu’on ne peut plus se cacher sous le personnage d’homme public.
- Il y a trois tribunaux qui ne sont presque jamais d’accord : celui des lois, celui de l’honneur, celui de la religion.
- J’ai eu pour principe de ne jamais faire par autrui ce que je pouvais par moi-même : c’est ce qui m’a porté à faire ma fortune par les moyens que j’avais dans mes mains, la modération et la frugalité, et non par des moyens étrangers, toujours bas ou injustes.
- J’ai toujours vu que, pour réussir dans le monde, il fallait avoir l’air fou, et être sage.
- J’aime les paysans, ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers.
- J’aime mieux être tourmenté par mon cœur que par mon esprit.
- Je m’éveille le matin avec une joie secrète de voir la lumière ; je vois la lumière avec une espèce de ravissement ; et tout le reste du jour je suis content.
- Je n’ai jamais été tenté de faire un couplet de chanson contre qui que ce soit. J’ai fait en ma vie bien des sottises, et jamais de méchancetés.
- Je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé.
- Je n’ai pas été fâché de passer pour distrait ; cela m’a fait hasarder bien des négligences qui m’auraient embarrassé.
- Je n’aime pas les discours oratoires, ce sont des ouvrages d’ostentation.
- Je ne puis comprendre comment les princes croient si aisément qu’ils sont tout, et comment les peuples sont si prêts à croire qu’ils ne sont rien.
- Je souhaite avoir des manières simples, recevoir des services le moins que je puis, et en rendre le plus qu’il m’est possible.
- Je suis amoureux de l’amitié.
- Je suis un bon citoyen, mais dans quelque pays que je fusse né, je l’aurais été tout de même.
- La liberté, ce bien qui fait jouir des autres biens.
- On aurait dû mettre l’oisiveté continuelle parmi les peines de l’enfer ; il me semble au contraire qu’on l’a mise parmi les joies du paradis.
- On doit rendre aux auteurs qui nous ont paru originaux dans plusieurs endroits de leurs ouvrages, cette justice, qu’ils ne se sont point abaissés à descendre jusqu’à la qualité de copistes.
- On pourrait, par des changements imperceptibles dans la jurisprudence, retrancher bien des procès.
- Pour juger les hommes, il faut leur passer les préjugés de leur temps.
- Quand dans un royaume, il y a plus d’avantages à faire sa cour qu’à faire son devoir, tout est perdu.
- Quand je me fie à quelqu’un, je le fais sans réserve ; mais je me lie à très peu de personnes.
- Quand nous parlons du bonheur ou du malheur, nous nous trompons toujours, parce que nous jugeons des conditions et non pas des personnes.
- Remarquez bien que la plupart des choses qui nous font plaisir sont déraisonnables.
- Si je savais une chose utile à ma nation qui fût ruineuse à une autre, je ne la proposerais pas à mon prince, parce que je suis homme avant d’être Français, parce que je suis nécessairement homme, et que je ne suis Français que par hasard.
- Si on ne voulait être qu’heureux, cela serait bientôt fait. Mais on veut être plus heureux que les autres, et cela est presque toujours difficile parce que nous croyons les autres plus heureux qu’ils ne sont.
- Un flatteur est un esclave qui n’est bon pour aucun maître.
- Un homme n’est pas malheureux parce qu’il a de l’ambition, mais parce qu’il en est dévoré.
- Un homme n’est pas pauvre parce qu’il n’a rien, mais parce qu’il ne travaille pas.
- Une belle action est celle qui a de la bonté, et qui demande de la force pour la faire.
- Une chose n’est pas juste parce qu’elle est loi ; mais elle doit être loi parce qu’elle est juste.
- Ce n’est pas l’esprit qui fait les opinions, c’est le cœur. (Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères)
- Ce qui n’est point utile à l’essaim, n’est point utile à l’abeille.
- Ceux qui mettent au jour quelque propositions nouvelles sont d’abord appelés hérétiques.
- Il est mille fois plus aisé de faire le bien, que de le bien faire.
- Il faut avoir beaucoup étudié pour savoir peu.
- Il faut bien connaître les préjugés de son siècle, afin de ne les choquer pas trop, ni trop les suivre.
- Il faut savoir le prix de l’argent : les prodigues ne le savent pas, et les avares encore moins.
- Il n’y a pas de mal plus grand, et des suites plus funestes, que la tolérance d’une tyrannie qui la perpétue dans l’avenir.
- Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice. (Considérations sur les causes de la grandeur des Romains)
- Il ne faut point faire par les lois ce que l’on peut faire par les mœurs.
- J’ai cru trouver de l’esprit à des gens qui passaient pour n’en point avoir.
- J’ai eu naturellement de l’amour pour le bien et l’honneur de ma patrie, et peu pour ce qu’on appelle la gloire ; j’ai toujours senti une joie secrète lorsqu’on a fait quelque règlement qui allait au bien commun.
- J’aime les maisons où je puis me tirer d’affaire avec mon esprit de tous les jours.
- Je n’aime pas les petits honneurs. On ne savait pas auparavant ce que vous méritiez ; mais ils vous fixent et décident au juste ce qui est fait pour vous.
- Je pardonne aisément, par la raison que je ne suis pas haineux : il me semble que la haine est douloureuse. Lorsque quelqu’un a voulu se réconcilier avec moi, j’ai senti ma vanité flattée, et j’ai cessé de regarder comme ennemi un homme qui me rendait le service de me donner bonne opinion de moi.
- L’éducation consiste à nous donner des idées, et la bonne éducation à les mettre en proportion.
- L’ignorance est la mère des traditions.
- La crainte ajoute à nos peines, comme les désirs ajoutent à nos plaisirs.
- La dévotion est une croyance qu’on vaut mieux qu’un autre.
- La dévotion trouve, pour faire de mauvaises actions, des raisons qu’un simple honnête homme ne saurait trouver.
- La plupart des hommes sont davantage capables de grandes actions que de bonnes.
- La plupart des hommes sont de bonne volonté, mais ils ne savent comment s’y prendre.
- La plupart des mépris ne valent que des mépris.
- La vertu même a besoin de limites.
- Le moyen d’acquérir la justice parfaite, c’est de s’en faire une telle habitude qu’on l’observe dans les plus petites choses, et qu’on y plie jusqu’à sa manière de penser.
- Le plus grand vice de lois, c’est qu’elles puissent rester sans exécution.
- Le succès de la plupart des choses dépend de savoir combien il faut de temps pour réussir.
- Les livres anciens sont pour les auteurs, les nouveaux pour les lecteurs.
- Les lois se maintiennent en crédit non parce qu’elles sont justes, mais parce qu’elles sont lois.
- Les peuples ont le gouvernement qu’ils méritent.
- Les sots se peignent eux-mêmes, et ramènent tout à eux !
- Lorsque l’on veut changer les mœurs et les manières, il ne faut pas les changer par des lois.
- Mieux vaut avoir un homme d’esprit pour nous appuyer que des sots pour nous approuver.
- Moins on pense, plus on parle.
- Nous voulons trouver des honnêtes gens, parce que nous voudrions qu’on le fût à notre égard.
- On aime à lire les ouvrages des anciens pour voir d’autres préjugés.
- Plus on parle, moins on pense.
- Pour comprendre les hommes, il faut comprendre la différence qui existe entre les hommes.
- Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être au-dessus des hommes, il faut être avec eux.
- Presque toutes les monarchies n’ont été fondées que sur l’ignorance des arts et n’ont été détruites que parce qu’on les a trop cultivés.
- Quel siècle que le nôtre, où il y a tant de critiques et de juges, et si peu de lecteurs !
- Qui connaît bien le prix d’un véritable ami passe sa vie à le chercher. (Eloge à la sincérité)
- Un courtisan est semblable à ces plantes faites pour ramper qui s’attachent à tout ce qu’elles trouvent.
- Un empire fondé par les armes a besoin de se soutenir par les armes.
- Un fond de modestie rapporte un très grand fond d’intérêt.
- Un homme d’esprit sent ce que d’autres ne font que savoir.
- Un homme qui enseigne peut devenir aisément opiniâtre, parce qu’il fait le métier d’un homme qui n’a jamais tort.
- Un homme sage ne se laisse gouverner, ni ne cherche à gouverner les autres.
1) Arsace et Isménie, 1730
2) Cahiers
3) Lettres persanes, 1721
4) L’Esprit des Lois, 1748
5) Pensées diverses
6) Autres sources de citations
7) Courte biographie de Montesquieu (1689-1755) :
Montesquieu est un philosophe français principalement connu pour l’Esprit des Lois et ses Lettres persanes. Il est issu d’une famille de magistrats de bonne noblesse au château de la Brède. Ses parents ont choisi un mendiant pour être son parrain pour que toute sa vie il se souvienne que les pauvres sont ses frères. Après ses études de droit, il devient conseiller au parlement de Bordeaux. L’héritage généreux de son oncle lui permet de délaisser cette position pour se consacrer à ses passions : les sciences, la politique et la philosophie. Dans les « Lettres persanes », qu’il publie anonymement en 1721 en Hollande, il dépeint sur un ton humoristique et satirique la société française à travers le regard de visiteurs perses. Ses ouvrages populaires partout en Europe sont cependant mis à l’Index. Montesquieu tente d’expliquer la logique des différentes institutions politiques par l’étude des lois considérées comme simples rapports entre les réalités sociales. Il réussit si bien que « L’Esprit des lois » inspirera les auteurs de la Constitution des États-Unis de 1787 et ceux de la Constitution française de 1791.
Œuvres :
- 1716 : Dissertation sur la politique des Romains dans la religion
- 1717 : Éloge de la sincérité
- 1721 : Lettres persanes
- 1722 : Dialogue de Sylla et d’Eucrate Texte complet non-formaté
- 1734 : Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence
- 1748 : De l’esprit des lois
- 1754 : Lysimaque
Poésie :
- 1725 : Le Temple de Gnide
Discours :
- 1728 : Discours prononcé par Montesquieu, lors de sa réception à l’académie Françoise
Posthumes :
- 1730-1738 : Histoire véritable, édition de 1902
- 1876 : Dissertation sur la politique des Romains dans la religion
8) Sujets complémentaires :