130 citations d’Émil Michel CIORAN
- 1) Aveux et anathèmes
- 2) Cahiers
- 3) De l’inconvénient d’être né
- 4) Divagations
- 5) Écartèlement
- 6) Ébauches de vertige
- 7) La tentation d’exister
- 8) Le crépuscule des pensées
- 9) Le livre des leurres
- 10) Précis de décomposition
- 11) Sur le travail
- 12) Syllogismes de l’amertume
- 13) Citations sans référence
- Biographie d’Émil CIORAN
- La peur est une mort de chaque instant.
- Je ne crois pas avoir raté une seule occasion d’être triste.
- Se méfier des penseurs dont l’esprit ne fonctionne qu’à partir d’une citation.
- Chacun sait que les armes de dissuasion ne sont efficaces que si l’on ne s’en sert pas.
- Des opinions, oui ; des convictions, non. Tel est le point de départ de la fierté intellectuelle.
- Bien plus que le temps, c’est le sommeil qui est l’antidote du chagrin. L’insomnie, en revanche, qui grossit la moindre contrariété et la convertit en coup du sort, veille sur nos blessures et les empêche de dépérir.
- L’homme est un animal surmené.
- Le secret de l’Histoire, c’est le refus du salut.
- Tout n’est pas perdu, tant qu’on est mécontent de soi.
- Eût-il tous les mérites, un ambitieux ne peut être honnête qu’à la surface.
- On ne réfléchit que parce qu’on se dérobe à l’acte. Penser, c’est être en retrait.
- Il est inélégant de se plaindre de la vie tant qu’on peut s’aménager une heure de solitude par jour.
- J’appelle travail tout effort exempt de plaisir, ou plutôt : un effort qui vous diminue à vos propres yeux.
- Le seul service que nous pouvons demander aux autres, c’est de ne pas deviner à quel point nous sommes lamentables.
- L’homme va inévitablement à la catastrophe. Tant que j’en demeurerai persuadé, je m’intéresserai à lui, avec avidité, avec passion.
- Il m’est absolument impossible de savoir si je me prends ou non au sérieux. Le drame du détachement, c’est qu’on ne peut en mesurer le progrès. On avance dans un désert, et on ne sait jamais où l’on est.
- Ce qui est terrible, c’est de se plaindre de ses difficultés devant un riche, et l’entendre, lui, se plaindre plus que vous, de sorte qu’à la fin on est obligé de s’apitoyer sur lui. Il faut bien consoler plus chanceux que soi.
- Chacun engendre son propre ennemi.
- L’interminable est la spécialité des indécis.
- Une seule chose importe : apprendre à être perdant.
- Je sens que je suis libre mais je sais que je ne le suis pas.
- La conscience est bien plus que l’écharde, elle est le poignard dans la chair.
- L’historien qui se mêle de juger le passé fait du journalisme dans un autre siècle.
- Certains ont des malheurs ; d’autres, des obsessions. Lesquels sont le plus à plaindre ?
- Je n’ai pas rencontré un seul esprit intéressant qui n’ait été largement pourvu en déficiences inavouables.
- Après avoir, en pure perte, tout tenté du côté des mystiques, il ne lui restait plus qu’une issue : sombrer dans la sagesse.
- Être objectif, c’est traiter l’autre comme on traite un objet, un macchabée, c’est se comporter à son égard en croque-mort.
- J’ai décidé de plus m’en prendre à personne depuis que j’ai observé que je finis toujours par ressembler à mon dernier ennemi.
- Depuis des années, sans café, sans alcool, sans tabac ! Par bonheur, l’anxiété est là, qui remplace utilement les excitants les plus forts.
- Tous ces peuples étaient grands, parce qu’ils avaient de grands préjugés. Ils n’en ont plus. Sont-ils encore des nations ? Tout au plus des foules désagrégées.
- Celui qui redoute le ridicule n’ira jamais loin en bien ni en mal, il restera en deçà de ses talents, et lors même qu’il aurait du génie, il serait encore voué à la médiocrité.
- On doit se ranger du côté des opprimés en toute circonstance, même quand ils ont tort, sans pourtant perdre de vue qu’ils sont pétris de la même boue que leurs oppresseurs.
- Le vrai contact entre les êtres ne s’établit que par la présence muette, par l’apparente non-communication, par l’échange mystérieux et sans parole qui ressemble à la prière intérieure.
- L’anxieux s’agrippe à tout ce qui peut renforcer, stimuler son providentiel malaise : vouloir l’en guérir, c’est ébranler son équilibre, l’anxiété étant la base de son existence et de sa prospérité.
- Ne juge personne avant de te mettre à sa place. Ce vieux proverbe rend tout jugement impossible, car nous ne jugeons quelqu’un que parce que justement nous ne pouvons-nous mettre à sa place.
- C’est s’investir d’une supériorité bien abusive que de dire à quelqu’un ce qu’on pense de lui et de ce qu’il fait. La franchise n’est pas compatible avec un sentiment délicat, elle ne l’est même pas avec une exigence éthique.
- L’esprit n’est véritablement pur que dans le doute.
- La stérilité intérieure est le moyen le plus sûr de se défendre contre la folie.
- Une pensée meurt lorsque l’on cesse de la penser. Mais elle meurt aussi lorsqu’elle a été pensée par-delà les limites de la faculté de penser.
- L’histoire se serait arrêtée depuis longtemps s’il n’entrait pas dans les instincts humains la conviction d’être éternel. La vie, qui est l’éphémère même, n’est possible que par la négation de l’idée d’éphémère.
- Entre une gifle et une indélicatesse, on supporte toujours mieux la gifle.
- On est et on demeure esclave aussi longtemps que l’on n’est pas guéri de la manie d’espérer.
- Pensent profondément ceux-là seuls qui n’ont pas le malheur d’être affligés du sens du ridicule.
- On vit dans le faux aussi longtemps qu’on n’a pas souffert. Mais quand on commence à souffrir, on n’entre dans le vrai que pour regretter le faux.
- Impossible de savoir quand et comment on est libre, quand et comment on est manoeuvré. Si chaque fois, on voulait s’examiner pour identifier la nature précise d’un acte, on déboucherait plutôt sur un vertige que sur une conclusion.
- L’homme fait l’histoire ; à son tour l’histoire le défait. Il en est l’auteur et l’objet, l’agent et la victime. Il a cru jusqu’ici la maîtriser, il sait maintenant qu’elle lui échappe, qu’elle s’épanouit dans l’insoluble et l’intolérable : une épopée démente, dont l’aboutissement n’implique aucune idée de finalité.
- Mais qui, parmi nous, consentirait au recommencement indéfini de l’histoire dans sa totalité ? Avec chaque événement qui s’y produit, et qui nous apparaît nécessairement irréversible, nous avançons d’un pas vers un dénouement unique, selon le rythme du progrès dont nous adoptons le schéma et refusons, bien entendu, les balivernes. Nous progressons, oui, nous galopons même, vers un désastre précis, et non vers quelque mirifique perfection.
- Plus l’homme acquiert de la puissance, plus il devient vulnérable. Ce qu’il doit le plus redouter, c’est le moment où, la création entièrement jugulée, il fêtera son triomphe, apothéose fatale, victoire à laquelle il ne survivra pas. Le plus probable est qu’il disparaîtra avant d’avoir réalisé toutes ses ambitions. Il est déjà si puissant que l’on se demande pourquoi il aspire à l’être davantage. Tant d’insatiabilité trahit une misère sans recours, une déchéance magistrale.
- Un livre doit remuer des plaies, en provoquer même. Un livre doit être un danger.
- Le sourire serait un signe de santé, d’équilibre. Le fou, il est vrai, rit plus qu’il ne sourit.
- Rien ne nous corrige de rien. L’ambitieux demeure tel jusqu’à son dernier souffle et poursuivrait une fortune et renommée même si le globe était sur le point de voler en éclats.
- Vouloir être libre, c’est vouloir être soi.
- Personne ne peut sauver la jeunesse de ses chagrins.
- Qui veut éviter la résignation doit éduquer ses frayeurs.
- La solitude n’apprend pas à être seul, mais le seul.
- La lucidité : avoir des sensations à la troisième personne.
- La solitude est l’aphrodisiaque de l’esprit, comme la conversation celui de l’intelligence.
- Souffrir signifie méditer sur une sensation de douleur ; philosopher, méditer sur cette méditation.
- L’acte absurde est l’expression la plus haute de la liberté.
- Moins vous pouvez justifier un acte, plus il est généreux et pur.
- L’indifférence est un crime envers la vie et envers la souffrance.
- Il n’y a pas de destin sans le sentiment intime d’une condamnation et d’une malédiction.
- Parmi ceux qui refusent la vie et ne peuvent l’aimer, tous l’ont aimée un jour ou ont voulu l’aimer.
- Qui croit en la vérité est naïf ; qui n’y croit pas est stupide. La seule bonne route passe sur le fil du rasoir.
- Il faudrait fixer les règles et les exercices nécessaires pour cultiver une confiance en soi absolue, pour vaincre et étouffer le doute.
- Ne meurent que les pensées de circonstance. Les autres, nous les portons à l’intérieur sans le savoir. Elles se livrent à l’oubli pour nous accompagner toujours.
- La profondeur d’une pensée est fonction du risque que l’on y court. Ou nous mourons en héros de la pensée, ou nous renonçons à penser. Si penser n’est pas un sacrifice, à quoi bon penser encore ?
- Les hommes n’ont pas compris qu’il n’y a pas de meilleure arme contre la médiocrité que la souffrance. On ne change pas grand-chose par la culture ou par l’esprit ; en revanche, on transforme un nombre incalculable de choses par la douleur.
- Qui parle au nom des autres est toujours un imposteur.
- La poésie a, comme la vie, l’excuse de ne rien prouver.
- Se tromper, vivre et mourir dupe, c’est ce que font les hommes.
- La vie n’est possible que par les déficiences de notre imagination et de notre mémoire.
- Il est significatif que le travail en soit venu à désigner une activité purement extérieure : aussi l’homme ne s’y réalise-t-il pas, il réalise.
- Les hommes travaillent généralement trop pour pouvoir encore rester eux-mêmes. Le travail : une malédiction que l’homme a transformée en volupté. Œuvrer de toutes ses forces pour le seul amour du travail, tirer de la joie d’un effort qui ne mène qu’à des accomplissements sans valeur, estimer qu’on ne peut se réaliser autrement que par le labeur incessant, voilà une chose révoltante et incompréhensible.
- Le travail permanent et soutenu abrutit, banalise et rend impersonnel. Le centre d’intérêt de l’individu se déplace de son milieu subjectif vers une fade objectivité ; l’homme se désintéresse alors de son propre destin, de son évolution intérieure, pour s’attacher à n’importe quoi : l’œuvre véritable, qui devrait être une activité de permanente transfiguration, est devenue un moyen d’extériorisation qui lui fait quitter l’intime de son être.
- La philosophie sert d’antidote à la tristesse.
- Ce besoin de remords qui précède le mal, que dis-je ! Qui le crée.
- En vieillissant, on apprend à troquer ses terreurs contre ses ricanements.
- On ne découvre une saveur aux jours que lorsqu’on se dérobe à l’obligation d’avoir un destin.
- Il est incroyable que la perspective d’avoir un biographe n’ait fait renoncer personne à avoir une vie.
- Quand la pègre épouse un mythe, attendez-vous à un massacre ou, pis encore, à une nouvelle religion.
- Méfiez-vous de ceux qui tournent le dos à l’amour, à l’ambition, à la Société. Ils se vengeront d’y avoir renoncé.
- La musique, système d’adieux, évoque une physique dont le point de départ ne serait pas les atomes, mais les larmes.
- Les sources d’un écrivain, ce sont ses hontes ; celui qui n’en découvre pas en soi, ou s’y dérobe, est voué au plagiat ou à la critique.
- La passion de la musique est en elle-même un aveu. Nous en savons plus long sur un inconnu qui s’y adonne que sur quelqu’un qui y est insensible et que nous approchons tous les jours.
- Pour passer des cavernes aux salons, il nous a fallu un temps considérable ; nous en faudra-t-il autant pour parcourir le chemin inverse, ou brûleront-nous les étapes ? Question oiseuse pour ceux qui ne pressentent pas la préhistoire.
- Espérer, c’est démentir l’avenir.
- On ne devient pas normal impunément.
- N’a de conviction que celui qui n’a rien approfondi.
- La musique est une illusion qui rachète toutes les autres.
- Le fait que j’existe prouve que le monde n’a pas de sens.
- La connaissance à petite dose enchante ; à forte dose, elle déçoit.
- La création est une préservation temporaire des griffes de la mort.
- Est bavardage toute conversation avec quelqu’un qui n’a pas souffert.
- Il est effrayant, bien que raisonnable, de n’avoir aucune illusion sur personne
- Ne regarde ni en avant ni en arrière, regarde en toi-même sans peur ni regret.
- Être conscient est un drame qui se termine avec la mort. Du moins, espérons-le.
- L’ambition est une drogue qui fait de celui qui s’y adonne un dément en puissance.
- Chercher un sens à quoi que ce soit est moins le fait d’un naïf que d’un masochiste.
- Il est impossible d’accepter d’être jugé par quelqu’un qui a moins souffert que nous.
- L’esprit n’avance que s’il a la patience de tourner en rond, c’est-à-dire d’approfondir.
- La confession la plus vraie est celle que nous faisons indirectement, en parlant des autres.
- Quand on sait que tout problème est un faux problème, on est dangereusement près du salut.
- Je ne sais pas si je suis désespéré, car l’absence de tout espoir n’est pas forcément le désespoir.
- C’est à coup d’excitants (café, tabac) que j’ai écrit tous mes livres. À quoi tient l’activité de l’esprit !
- Ce n’est pas par le génie mais par la souffrance, par elle seule, qu’on cesse d’être une marionnette.
- L’obsession de l’ailleurs c’est l’impossibilité de l’instant ; et cette impossibilité est la nostalgie même.
- Est religieux tout ce qui nous empêche de nous effondrer… Nous durons tant que durent nos fictions.
- S’il tient à préserver une quelconque dignité spirituelle, l’homme doit négliger son statut de contemporain.
- Le pessimisme, cette cruauté des vaincus qui ne sauraient pardonner à la vie d’avoir trompé leur attente.
- On peut être fier de ce qu’on a fait mais on devrait l’être plus de ce qu’on a pas fait. Cette fierté est à inventer.
- Ce qui est fâcheux dans les malheurs publics, c’est que n’importe qui s’estime assez compétent pour en parler.
- L’essentiel surgit souvent au bout d’une longue conversation. Les grandes vérités se disent sur le pas de la porte.
- En permettant l’homme, la nature a commis beaucoup plus qu’une erreur de calcul : un attentat contre elle-même.
- J’ai commencé à baisser à partir du moment où l’extase a cessé de me visiter, où l’extraordinaire est sorti de ma vie.
- Celui qui m’assure ignorer la rancune, j’ai toujours la tentation de lui donner une gifle, pour lui montrer qu’il se trompe.
- Ce que j’ai ressenti au cours des années s’est mué en livres et c’est comme si ces livres s’étaient écrits d’eux-mêmes.
- Quand on rencontre quelqu’un de vrai, la surprise est telle qu’on se demande si on n’est pas victime d’un éblouissement.
- Je n’ai jamais émis d’idées, j’ai toujours été possédé par elles. Quand je crois en concevoir une, c’est elle qui me tient et m’asservit.
- Il fut un temps où, me croyant l’être le plus normal qui fut jamais, je pris peur, et passai tout un hiver à lire des bouquins de psychiatrie.
- En jugeant sans pitié ses contemporains, on risque d’avoir raison et de faire aux yeux de la postérité figure d’esprit incisif et clairvoyant.
- Le rire est un acte de supériorité, un triomphe de l’homme sur l’univers, une merveilleuse trouvaille qui réduit les choses à leurs justes proportions.
- Ne se suicident que les optimistes, les optimistes qui ne peuvent plus l’être. Les autres, n’ayant aucune raison de vivre, pourquoi en auraient-il de mourir ?
- La connaissance se confond avec les ténèbres. Je renoncerais volontiers à tous les problèmes sans issue en échange d’une douce et inconsciente naïveté.
- L’homme est libre, sauf en ce qu’il a de plus profond. À la surface il fait ce qu’il veut ; dans ses couches obscures, « volonté » est vocable dépourvu de sens.
- J’appelle simple d’esprit tout homme qui parle de la Vérité avec conviction : c’est qu’il a des majuscules en réserve et s’en sert naïvement, sans fraude ni mépris.
- S’armer de patience, combien l’expression est juste ! La patience est la vertu qui me fait le plus défaut. Sans elle, on est automatiquement livré au caprice ou au désespoir.
- L’anxiété n’est provoquée par rien, elle cherche à se donner une justification, et, pour y parvenir, se sert de n’importe quoi, des prétextes les plus misérables, auxquels elle s’accroche, après les avoir inventés.
- C’est le propre des gens normaux que de considérer la mort comme surgissant de l’extérieur, et non comme une fatalité inhérente à l’être. L’une des plus grandes illusions consiste à oublier que la vie est captive de la mort.
- Personne ne clame qu’il se porte bien et qu’il est libre, et c’est pourtant ce que devraient faire tous ceux qui connaissent cette double bénédiction. Rien ne nous dénonce davantage que notre incapacité à hurler nos chances.
- Il me suffit d’entendre quelqu’un parler sincèrement d’idéal, d’avenir, de philosophie, de l’entendre dire « nous » avec une inflexion d’assurance, d’invoquer les « autres », et s’en estimer l’interprète, pour que je le considère mon ennemi.
- L’idée du néant n’est pas le propre de l’humanité laborieuse : ceux qui besognent n’ont ni le temps ni l’envie de peser leur poussière ; ils se résignent aux duretés ou aux niaiseries du sort ; ils espèrent : l’espoir est une vertu d’esclaves.
1) Citations d’Émil CIORAN extraites d’« Aveux et anathèmes » :
2) Citations d’Émil CIORAN extraites de ses cahiers :
3) Citations d’Émil CIORAN extraites « De l’inconvénient d’être né » :
4) Citations d’Émil CIORAN extraites de « Divagations » :
5) Citations d’Émil CIORAN extraites d’«Écartèlement » :
6) Citations d’Émil CIORAN extraites « d’Ébauches de vertige » :
7) Citations d’Émil CIORAN extraites de « La tentation d’exister » :
8) Citations d’Émil CIORAN extraites de « Le crépuscule des pensées » :
9) Citations d’Émil CIORAN extraites de « Le livre des leurres » :
10) Citations d’Émil CIORAN extraites de « Précis de décomposition » :
11) Citations d’Émil CIORAN extraites de « Sur le travail » :
12) Citations d’Émil CIORAN extraites de « Syllogismes de l’amertume » :
13) Citations d’Émil CIORAN sans référence :
Biographie d’Émil Michel Cioran (1911 à 1995) :
Philosophe et écrivain, Emil Cioran est né à Rășinari en Roumanie. Après quelques années de vie heureuse à Rășinari, petit village de la Transylvanie, alors en Autriche-Hongrie, Cioran est traumatisé par le déménagement de sa famille à Sibiu, la ville la plus proche de son village natal. Ce choc, ainsi que les relations difficiles avec sa mère et les nombreuses insomnies dont il souffre durant sa jeunesse, contribueront au pessimisme de ses œuvres. Il débute ses études de philosophie à Bucarest dès l’âge de 17 ans. Ses premiers travaux porteront sur Schopenhauer et sur Nietzsche. Il obtient un premier diplôme en 1932 et début une thèse sur Bergson. En 1933, il bénéficie d’une bourse et s’inscrit à l’université de Berlin. Il publie son premier ouvrage « Sur les cimes du désespoir » à 22 ans. Il connaît immédiatement du succès en Roumanie malgré son jeune âge.
Après deux ans à l’étranger, il rentre au pays, où il devient professeur de philosophie au lycée. Son séjour universitaire en Allemagne l’a convaincu de la justesse de l’idéologie nazie. Il assiste à l’ascension du mouvement fasciste et antisémite combattu par la police du régime parlementaire. En 1936, Cioran publie La Transfiguration de la Roumanie où il développe une pensée passablement influencée par les thèses de la Garde de fer : un mouvement nationaliste fasciste roumain. Il écrit : « Les Hongrois nous haïssent de loin tandis que les Juifs nous haïssent au cœur même de notre Société » et « Le Juif n’est pas notre semblable, notre prochain, et, quelle que soit l’intimité entretenue avec lui, un gouffre nous sépare ». Plus tard, il biffera ce passage dans l’édition française.
Il s’établit en France en 1937 comme boursier de l’Institut français de Bucarest. Il ne reviendra jamais en Roumanie où le roi Carol II instaure un régime autoritaire et fait exécuter Corneliu Codreanu, le fondateur de la Garde de Fer. Après l’effondrement de la France, un coup d’État aidé par l’Allemagne nazie renverse Carol II en octobre 1940, et met en place un gouvernement fasciste avec la Garde de Fer et le maréchal Antonescu. La France Pétain et la Roumanie sont alors alliées. Dans ce contexte, la bourse de Cioran est maintenue, il peut donc rester à Paris pour y terminer sa thèse sur la philosophie de Bergson.
Peu de temps après ses études, il devient attaché culturel de l’ambassade de Roumanie à Paris. Mais, ne voulant pas devenir complice des persécutions sanglantes des régimes fascistes, il abandonne ses idées politiques pour se consacrer entièrement à l’écriture, en français dorénavant. Les communistes prennent le pouvoir en Roumanie à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, ses livres sont alors interdits dans son pays natal et il est interdit de séjour.
Bien qu’ayant vécu davantage en France qu’en Roumanie, il n’a jamais demandé la nationalité française. En 1949, il publie « Précis de décomposition » dans la langue de Molière. Il vit pauvrement à Paris jusqu’à la fin de son existence. Son oeuvre, essentiellement composée de recueils d’aphorismes est marquée par l’ascétisme le pessimisme, le scepticisme et la désillusion. En 1987, il publie son ultime ouvrage, Aveux et anathèmes, avant de mourir, huit ans plus tard, en 1995 de la maladie d’Alzheimer sans avoir mis à exécution son projet de suicide.