C’est la vie qui doit être poétique.
C’est la poésie que l’on aime chez les êtres et que l’on cherche chez eux : quelque chose de léger, de lumineux, que l’on a besoin de regarder, de sentir, de respirer, quelque chose qui apaise, qui harmonise, qui inspire. Mais beaucoup n’ont pas encore compris cela, ne s’en préoccupent pas, et même s’ils essaient d’améliorer leur apparence extérieure, leur vie intérieure ordinaire ne cesse de transparaître. Alors, désormais, cessez d’abandonner la poésie aux poètes qui l’écrivent. C’est la vie qui doit être poétique. Eh oui, l’art nouveau, c’est d’apprendre à créer et à répandre la poésie tout autour de soi, à être chaleureux, expressif, lumineux, vivant…
La poésie, tous pensent savoir ce que c’est. Oui, ils le savent, mais dans les livres, pas dans la vie. Dans la vie, la plupart sont prosaïques : froids, figés, ternes, terre-à-terre, rien de subtil n’émane d’eux. Ils abandonnent la poésie aux poètes qui l’écrivent, et même si, de temps en temps, ils lisent un peu quelques vers, la vie qu’ils mènent n’est pas du tout poétique. C’est pourquoi il faut qu’une nouvelle conception de l’art leur apprenne désormais à vivre jour et nuit dans la poésie, c’est-à-dire à manifester quelque chose de lumineux, de chaleureux, d’expressif, de subtil. Et à ce moment-là on commencera aussi à les aimer. Les humains ont besoin d’être aimés, ils ont besoin d’établir de bonnes relations entre eux, mais on dirait qu’ils font tout pour se repousser mutuellement : ils restent fermés, sombres, lourds. Comment peut-on être aimé quand on se montre tellement antipathique ? Pour être aimé, chacun doit apprendre à vivre une vie poétique afin d’apporter aux autres la chaleur et la lumière.
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Un jeune garçon et une jeune fille commencent à s’aimer. De temps en temps ils se rencontrent, ils s’écrivent ; les petits cadeaux qu’ils se donnent, les petites mèches de cheveux, la moindre fleur ou le moindre pétale de rose sont pour eux comme des talismans chargés d’un océan d’effluves. Ils se sentent heureux, stimulés, inspirés. Lui est un chevalier, un prince, et elle la Belle au Bois Dormant ! Ils vivent dans la poésie, ils se promènent, ils se regardent, tout devient beau, leur amour est pur, idéal. Mais le jour où ils commencent à vouloir vivre leur amour dans le plan physique, peu à peu la poésie s’en va, et c’est la prose qui la remplace. Vous direz : « Mais nous ne pouvons pas rester toujours dans le côté idéal. » C’est vous qui le dites. Si vous tenez absolument à descendre, faites-le, mais vous quitterez le monde de la poésie, de la véritable beauté, et votre joie elle-même sera moins grande. Alors, autant que vous le pouvez, gardez un peu de distance dans l’amour, parce que c’est cette distance justement qui vous comblera, qui vous inspirera. Grâce à elle vous continuerez à aimer
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Vous aimez la poésie, vous lisez des poèmes, peut-être même en écrivez-vous… C’est très bien, continuez, mais sachez que la véritable poésie n’est pas dans la littérature, la véritable poésie ne s’écrit pas : elle est une qualité de la vie intérieure. Vous saurez vraiment ce qu’est la poésie le jour où vous mettrez votre vie intérieure en harmonie avec les images, les rythmes, les mélodies du monde de l’âme et de l’esprit. Celui qui aime vraiment la poésie sent qu’elle doit commencer en lui-même : il s’efforce de penser, de sentir et d’agir poétiquement, en entretenant des états de conscience limpides et lumineux. Ce sont ces états de conscience qui créent en lui la vraie poésie : il est inspiré, il sent comme un courant qui le traverse, car intérieurement il est lié au monde de l’harmonie ; et il doit tout faire pour se maintenir à ce niveau élevé de la conscience.