Demain, dès l’aube… Poème de Victor Hugo
Demain, dès l’aube
- Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
- Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
- J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
- Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
- Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
- Sans rien voir au-dehors, sans entendre aucun bruit,
- Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
- Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
- Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
- Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur*,
- Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe,
- Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
3 septembre 1847, signé Victor Hugo
Contexte :
Ce poème a été composé le 4 octobre 1847, mais Victor Hugo lui a plutôt donné la date du 3 septembre, c’est-à-dire l’anniversaire de la mort de Léopoldine, sa fille. On comprend alors que ce poème est autobiographique et qu’il est question de cette jeune dame, décédée par noyade quatre ans plus tôt. Victor Hugo commémore le décès de son enfant par un pèlerinage à son lieu de repos éternel. Le cimetière en question se trouve dans un village normand, où a eu lieu le cruel événement.
* ‘Harfleur’ lieu mentionné dans le poème. Il s’agit d’une commune française située dans le département de la Seine-Maritime en Normandie.