145 citations d’Émile-Auguste Chartier, dit ALAIN
- Qui n’imite point n’invente point.
- L’homme isolé est un homme vaincu.
- Le propre du travail, c’est d’être forcé.
- Le secret de l’action, c’est de s’y mettre.
- La fonction de penser ne se délègue pas.
- Qui veut la guerre est en guerre avec soi.
- Le mot lâche est la plus grave des injures.
- La morale commence là où s’arrête la police.
- On ne donne aux gens que l’espoir que l’on a.
- Un ami est celui qui nous dit nos quatre vérités.
- Plus on sait, et plus on est capable d’apprendre.
- Le bonheur donne force et force donne bonheur.
- Faire de nécessité vertu est le beau et grand travail.
- Il y a plus de volonté qu’on ne croit dans le bonheur.
- Une idée est fausse dès l’instant où l’on s’en contente.
- Le fanatisme est le plus redoutable des maux humains.
- La raison est virile devant l’objet, puérile devant le récit.
- L’école est universelle parce que le savoir est universel.
- La conscience suppose une séparation de moi d’avec moi.
- L’histoire est un grand présent, et pas seulement un passé.
- Nous respectons la raison, mais nous aimons nos passions.
- La bêtise des hommes est de critiquer l’originalité des autres.
- Un fou, c’est un homme qui croit tout ce qui lui vient à l’esprit.
- Ce n’est pas une petite science, ni facile, que de savoir vouloir.
- Le besoin d’écrire est une curiosité de savoir ce qu’on trouvera.
- Qui peut se soucier d’être heureux sans se soucier des autres ?
- On n’aime guère un bonheur qui vous tombe ; on veut l’avoir fait.
- L’habitude délivre. L’habitude c’est la volonté qui possède son corps.
- L’homme juste agit d’une façon juste parce qu’il porte la justice en lui.
- Qu’est-ce que le héros, si ce n’est l’homme qui choisit de croire à soi ?
- Je me demande pourquoi on n’aime et ne désire pas davantage la Mort.
- Il n’y a pas que les sots qui aient besoin d’éloges, et renouvelés souvent.
- Croyance. C’est le mot commun qui désigne toute certitude sans preuve.
- C’est un grand art quelquefois de vouloir ce que l’on est assuré de désirer.
- Les temps sont courts à celui qui pense, et interminables à celui qui désire.
- C’est toujours avec un outil moins parfait que l’on fabrique l’outil plus parfait.
- Tous les vices ressemblent à la guerre, toujours menaçante, toujours évitable.
- Je plains ceux qui ont l’air intelligent ; c’est une promesse qu’on ne peut tenir.
- Il est bon d’avoir un peu de mal à vivre et de ne pas suivre une route tout unie.
- Il y a l’avenir qui se fait et l’avenir qu’on fait. L’avenir réel se compose des deux.
- Une oeuvre qui n’apporte point quelque chose d’invisible et de neuf, on la laisse.
- À trop chercher le bonheur ailleurs, on finit par oublier celui que l’on a devant soi.
- C’est par l’esprit que l’homme se sauve, mais c’est par l’esprit que l’homme se perd.
- Celui qui met toute son attention sur un acte difficile, celui-là est parfaitement heureux.
- Plus l’existence est difficile, mieux on supporte les peines et mieux on jouit des plaisirs.
- On n’ose guère avouer que l’on voudrait les plaisirs du vice en récompense de la vertu.
- Les grandes idées sont comme l’air ; tout le monde les respire, tout le monde s’en nourrit.
- Un sage se distingue des autres hommes, non par moins de folie, mais par plus de raison.
- L’homme s’occupe à chercher son bonheur, mais son plus grand bonheur est d’être occupé.
- Avec le temps, quiconque est furieux s’apaise ; avec le temps, ce qui a commencé a une fin.
- Toute conscience est d’ordre moral, puisqu’elle oppose toujours ce qui devrait être à ce qui est.
- La cruauté est le moyen des honnêtes gens, car ils se savent bons et leur conscience les absout.
- La société est une merveilleuse machine qui permet aux bonnes gens d’être cruelles sans le savoir.
- Je ne chante pas parce que je suis de bonne humeur, je suis de bonne humeur parce que je chante.
- L’homme oriente sa voile, appuie sur le gouvernail, avançant contre le vent par la force même du vent.
- Plus d’un homme instruit en est à ignorer que le seul moyen de changer d’idée est de changer d’action.
- Il y a deux espèces d’hommes, ceux qui s’habituent au bruit et ceux qui essaient de faire taire les autres.
- La loi du juste avenir se trouve dans les consciences libres et solitaires et ne se trouve nulle part ailleurs.
- Ce n’est point parce que j’ai réussi que je suis content, mais c’est parce que j’étais content que j’aie réussi.
- La religion est comme les contes. Les contes ont un grand sens, mais personne ne demande s’ils sont vrais.
- Préjugé ; ce qui est jugé d’avance, c’est-à-dire avant qu’on se soit instruit. Le préjugé fait qu’on s’instruit mal.
- Fais ce que tu dois et n’attends jamais rien en retour. Si quelque chose vient, accueille-le comme un cadeau.
- L’action d’écrire me paraît la plus favorable de toutes pour régler nos folles pensées et leur donner consistance.
- Derrière cette ombre de liberté qui consiste à choisir, se montre aussitôt la liberté véritable qui consiste à se dominer.
- Le peintre est tenu par l’apparence ; et c’est son affaire d’enfermer tout le vrai qu’il pourra dans une seule apparence.
- Il n’est pas difficile d’être malheureux ou mécontent ; il suffit de s’asseoir, comme fait un prince qui attend qu’on l’amuse.
- C’est peu de prendre les êtres comme ils sont, et il faut toujours en venir-là; mais les vouloir comme ils sont, voilà l’amour vrai.
- Le plus grand plaisir humain est sans doute dans un travail difficile et libre fait en coopération, comme les jeux le font assez voir.
- Le maître ne nous apprend rien d’autre que ceci, qu’il faut que chacun soit son propre maître, ce qui fait tous les hommes égaux.
- Quelle chose merveilleuse serait la société des hommes, si chacun mettait du bois au feu, au lieu de pleurnicher sur des cendres.
- Le bonheur suppose sans doute toujours quelque inquiétude, quelque passion, une pointe de douleur qui nous éveille à nous-même.
- Être bon avec les autres et avec soi. Les aider à vivre, s’aider soi-même à vivre ; voilà la vraie charité. La bonté est joie. L’amour est joie.
- Il ne faut jamais laisser entendre, ni permettre de croire que la guerre soit compatible, en un sens quelconque, avec la justice et l’humanité.
- L’attrait des habitudes et leur puissance naturelle viennent de ce bonheur que l’on trouve à faire ce que l’on fait bien, même battre les cartes.
- Si je crois que je vais tomber, je tombe ; si je crois que je ne puis rien, je ne puis rien. Si je crois que mon espérance me trompe, elle me trompe.
- Le mépris des richesses et des honneurs est facile en somme ; ce qui est proprement difficile, c’est, une fois qu’on les méprise bien, de ne pas trop s’ennuyer.
- Tout l’art du roman vise sans doute à nous tirer d’impatience et à nous composer un plaisir d’attendre qui ne s’use point. Par cette précaution, un vrai roman est toujours trop court.
- Douter, c’est examiner, c’est démonter et remonter les idées comme des rouages, sans prévention et sans précipitation, contre la puissance de croire qui est formidable en chacun de nous.
- Il faut prêcher sur la vie et non sur la mort ; répandre l’espoir et non la crainte ; et cultiver en commun la joie, vrai trésor humain. C’est le grand secret des sages et ce sera la lumière de demain.
- Le principe du vrai courage, c’est le doute. L’idée de secouer une pensée à laquelle on se fiait est une idée brave. Tout inventeur a mis en doute ce dont personne ne doutait. C’était l’impiété essentielle.
- Il y a obligation à être heureux : pour ne pas être un fardeau, pour rester ouvert aux autres et non pas demeurer en confit dans son malheur, car comment faire le bonheur de l’autre du fin fond de son propre malheur ?
- La foi ne peut aller sans l’espérance. Quand les grimpeurs observent de loin la montagne, tout est obstacle ; c’est en avançant qu’ils trouvent des passages. Mais ils n’avanceraient point s’ils n’espéraient pas de leur propre foi.
- Tout pouvoir sans contrôle rend fou. (Politique, 1934)
- Le vrai désespoir est sans réflexion. (Propos de littérature, 1934)
- C’est presque tout que de savoir lire. (Propos sur le bonheur, 1925)
- À s’informer de tout, on ne sait jamais rien. (Propos sur l’éducation, 1932)
- La bonne humeur plaît sous tous costumes. (Les éléments de philosophie, 1916)
- Un cœur sans amour est une vie sans plaisirs. (Propos d’un Normand, 1912)
- Les vices ne sont que des vertus à mi-chemin. (Propos sur l’éducation, 1932)
- Faire et non subir, tel est le fond de l’agréable. (Propos sur le bonheur, 1925)
- Un fou qui dit par hasard le vrai n’a pas la vérité. (Propos d’un Normand, 1912)
- Dès que nous tenons une opinion, elle nous tient. (Propos sur l’éducation, 1932)
- Comme on vit mal avec ceux que l’ont connaît trop. (Propos sur le bonheur, 1925)
- Ce qui est aisé à croire ne vaut pas la peine de croire. (Minerve ou De la sagesse, 1939)
- Espérer ce n’est pas vouloir. Espérer, c’est être heureux. (Propos sur le bonheur, 1925)
- Qu’il est difficile d’être courageux sans se faire méchant. (Propos II)
- Le doute n’est pas au-dessous du savoir, mais au-dessus. (Propos sur l’éducation, 1932)
- C’est un devoir aussi envers les autres que d’être heureux. (Propos sur le bonheur, 1925)
- L’orthographe est de respect ; c’est une sorte de politesse. (Propos sur l’éducation, 1932)
- Dès que l’on s’instruit en vue d’enseigner, on s’instruit mal. (Propos sur l’éducation, 1932)
- Qui est mécontent des autres est toujours mécontent de soi. (Propos d’un Normand, 1912)
- Ce sont les passions et non les intérêts qui mènent le monde. (Mars ou La guerre jugée, 1921)
- Toute l’enfance se passe à oublier l’enfant qu’on était la veille. (Propos sur l’éducation, 1932)
- Le fou ne doute jamais, ni dans son action, ni dans sa pensée. (Les éléments de philosophie, 1916)
- On peut défaire n’importe quel bonheur par la mauvaise volonté. (Mars ou La guerre jugée, 1921)
- Rien n’est plus dangereux qu’une idée, quand on n’a qu’une idée. (Propos sur la religion, 1938)
- Le courage nourrit les guerres, mais c’est la peur qui les fait naître. (Propos, 1920)
- Désordre dans le corps, erreur dans l’esprit, l’un nourrissant l’autre. (Système des beaux-arts, 1920)
- Le bonheur n’est pas le fruit de la paix, le bonheur c’est la paix même. (Propos sur le bonheur, 1925)
- Savoir, et ne point faire usage de ce que l’on sait, c’est pire qu’ignorer. (Propos sur l’éducation, 1932)
- Il n’y a de bonheur possible pour personne sans le soutien du courage. (Minerve ou de la sagesse, 1929)
- Un des secrets du bonheur, c’est d’être indifférent à sa propre humeur. (Propos sur le bonheur, 1925)
- Ce n’est pas grand-chose d’avoir des idées, le tout est de les appliquer. (Propos sur l’éducation, 1932)
- Le rire est le propre de l’homme, car l’esprit s’y délivre des apparences. (Système des Beaux-Arts, 1920)
- Ce n’est pas communiquer que communiquer seulement ce qui est clair. (Propos de littérature, 1934)
- Nous n’avons pas toujours assez de force pour supporter les maux d’autrui. (Propos sur le bonheur, 1925)
- L’erreur est facile à tous ; plus facile peut-être à celui qui croit savoir beaucoup. (Propos sur l’éducation, 1932)
- On dit que les nouvelles générations seront difficiles à gouverner. Je l’espère bien. (Propos sur l’éducation, 1932)
- La bonne humeur a quelque chose de généreux ; elle donne plutôt qu’elle ne reçoit. (Propos sur le bonheur, 1925)
- Il n’est pas bon que le pouvoir d’observer se développe plus vite que l’art d’interpréter. (Propos sur l’éducation, 1932)
- Le bonheur est une récompense uniquement pour celui qui l’a mérité sans le chercher. (Les éléments de philosophie, 1916)
- Politesse n’est pas bienveillance, on peut être désagréable ou méchant sans être impoli. (Les éléments de philosophie, 1916)
- La vie est toujours triste, si chacun attend le bonheur comme quelque chose qui lui est dû. (Propos sur le bonheur, 1925)
- Tout pouvoir est méchant dès qu’on le laisse faire ; tout pouvoir est sage dès qu’il se sent jugé. (Propos de politique, 1934)
- Le pessimisme est d’humeur ; l’optimisme est de volonté. Tout homme qui se laisse aller est triste. (Propos sur le bonheur, 1928)
- L’action guérit cette sorte d’humeur, que nous appelons, selon les cas, impatience, timidité ou peur. (Les Aventures du cœur)
- Les vrais problèmes sont d’abord amers à goûter ; le plaisir viendra à ceux qui auront vaincu l’amertume. (Propos sur l’éducation, 1932)
- Le maître écoute et surveille bien plus qu’il ne parle. Ce sont les grands livres qui parlent, et quoi de mieux ? (Propos sur l’éducation, 1932)
- Tous les arts sont comme des miroirs où l’homme connaît et reconnaît quelque chose de lui-même qu’il ignorait. (Vingt leçons sur les Beaux-arts, 1931)
- Les grandes pensées ont quelque chose d’enfantin, qui fait que les beaux esprits passeront toujours à côté sans les voir. (Propos I, 1922)
- Idéal : modèle qu’on se compose, en vue de l’admirer et de l’imiter. L’idéal est toujours nettoyé d’un peu de réalité qui ferait tache. (Définitions)
- On n’observe jamais qu’à travers les idées qu’on a, ou, autrement dit, que les moyens d’expression règnent tyranniquement sur les opinions. (Propos sur l’éducation, 1932)
- Le sourire est la perfection du rire. Comme la défiance éveille la défiance, le sourire appelle le sourire : il rassure l’autre sur soi et toutes choses autour. (Les éléments de philosophie, 1916)
- Le langage absolu se retrouve en tous les arts, qui, en ce sens, sont comme des énigmes, signifiant impérieusement et beaucoup sans qu’on puisse dire quoi. (Vingt Leçons sur les beaux-arts, 1931)
- Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose. (Propos sur la religion, 1938)
- L’expérience, c’est-à-dire le simple fait d’être au monde, nous met en présence d’apparences vraies, mais qui peuvent être la source des connaissances les plus fausses. (Préliminaires à la mythologie)
- C’est par croire que les hommes sont esclaves. Réfléchir, c’est nier ce que l’on croit. Qui croit ne sait même plus ce qu’il croit. Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien. (Propos sur la religion, 1938)
- Un homme savant a compris un certain nombre de vérités. Un homme cultivé a compris un certain nombre d’erreurs. Et voilà toute la différence entre l’esprit droit et l’esprit juste. (Vigiles de l’esprit, 1942)
- Chacun sait qu’une certaine espèce de fous font ce qu’on leur suggère, et qu’ils veulent aussi ce qu’ils font, ce qui fait qu’ils croient faire ce qu’ils veulent. Prouvez que nous ne sommes pas tous ainsi. (Les Passions et la Sagesse, 1960)
- Il est à supposer que les jurons, qui sont des exclamations entièrement dépourvues de sens, ont été inventés comme instinctivement pour donner une issue à la colère sans rien dire de blessant ni d’irréparable. (Propos I, 1922)
- J’en viens à ceci, que les travaux d’écolier sont des épreuves pour le caractère, et non point pour l’intelligence. Que ce soit orthographe, version ou calcul, il s’agit de surmonter l’humeur, il s’agit d’apprendre à vouloir. (Propos sur l’éducation, 1932)
- J’aime mieux une petite lueur de bon sens portée par de bons muscles, qu’une grosse tête sur un petit corps. Sans les muscles, l’idée n’irait pas loin ; une pensée chargée de matière, une pensée aux larges pieds voilà ce qui mène le monde. (Propos II)
- Vous dites qu’il faut connaître l’enfant pour l’instruire ; mais ce n’est point vrai ; je dirais plutôt qu’il faut l’instruire pour le connaître; car sa vraie nature c’est sa nature développée par l’étude des langues, des auteurs et des sciences. C’est en le formant à chanter que je saurai s’il est musicien. (Propos sur l’éducation, 1932)
- Le plus profond de la colère est la colère d’être en colère, et de savoir qu’on s’y jettera, et de la sentir monter en soi comme une tempête physique. Le mot irritation en son double sens, explique assez cela, si l’on y pense avec suite. L’enfant crie de plus en plus fort principalement parce qu’il s’irrite de crier, comme d’autres s’irritent de tousser. (Les Passions et la Sagesse, 1960)
- Toutes nos vérités sont des erreurs redressées : quiconque pense commence toujours par se tromper. L’esprit juste se trompe d’abord tout autant qu’un autre, son travail propre est de revenir, de ne point s’obstiner, de corriger selon l’objet la première esquisse… Toutes nos erreurs sont des jugements téméraires, et toutes nos vérités, sans exception, sont des erreurs redressées. (Propos)
Courte biographie d’Émile-Auguste Chartier, dit Alain (1868 – 1951) :
Né à Mortagne-au-Perche (Orne) d’Étienne Chartier, vétérinaire et de Juliette-Clémence Chaline. Émile-Auguste Chartier est philosophe, journaliste, essayiste et professeur de philosophie. Pendant ses études en littérature au lycée Michelet de Vanves, il fait la rencontre importante du philosophe Jules Lagneau, qu’il reconnaît comme son maître, et qui l’oriente vers la philosophie. Il enseigne au lycée pendant plusieurs années. Lorsque débute la Première Guerre, il devance l’appel et s’engage immédiatement, même si la loi de l’époque permettait aux enseignants d’être dispensés de service militaire. Brigadier au 3e régiment d’artillerie, il refuse toutes les promotions. Le 23 mai 1916, il se broie le pied dans un rayon de roue de chariot de munitions. Après quelques semaines d’hospitalisation, il est affecté pour quelques mois au service de météorologie, puis il est démobilisé le 14 octobre 1917. Ayant vu des choses terribles pendant la Grande Guerre, il publie en 1921 le pamphlet Mars ou la guerre jugée. Jusqu’à la fin des années 1930, son écriture sera inspirée par la lutte pour le pacifisme et contre la montée des fascistes. En 1934, il est cofondateur du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA), dirigé par Paul Rivet et Paul Langevin. Anti-fasciste convaincu, il semble ne pas mesurer la puissance réelle et la dimension spécifique de l’hitlérisme, considérant la France comme la puissance supérieure dans le rapport de force international de l’époque. À partir de 1937, il se consacre pour l’essentiel à l’écriture privée de son Journal. Sont publiés également plusieurs recueils thématiques rassemblant ses Propos. En 1940, il accepte la défaite française et ne souhaite pas la poursuite des hostilités. Dans son Journal, le 23 juillet 1940, il va jusqu’à souhaiter la victoire allemande plutôt que celle des forces libres du Général de Gaulle. La collaboration pétainiste lui semble un moindre mal. Les années 1941 et 1942 sont très sombres pour lui d’un point de vue moral comme physique. En 1941, il perd sa compagne, amie de cœur Marie-Monique Morre-Lambelin. Son Journal (1937-1950) porte néanmoins la marque de la renaissance de son activité littéraire à partir de 1943. En mai 1950, il reçoit le Grand Prix National des Lettres. Il meurt le 2 juin 1951 et est enterré au cimetière du Père-Lachaise (division 94). Au fil des ans, il utilisa différents pseudonymes Criton, Quart d’œil, Philibert et enfin Alain pour ses chroniques dans La Dépêche de Lorient. Voici quelques œuvres importantes d’Alain :
– Les Cent un Propos d’Alain (2ème série) (1910)
– Petit Traité d’Harmonie pour les aveugles (en braille, 1918)
– Les Marchands de Sommeil (1919)
– Mars ou la guerre jugée (1921)
– Le citoyen contre les pouvoirs (1926)
– Propos de politique (1934)
– Souvenirs de guerre (1937)
– Convulsions de la force (suite à Mars)
– Vigiles de l’esprit (1942)
Sujets complémentaires, citations de :