L’injustice magnifique qui rend heureux.
Si les hommes ne comprennent pas correctement la justice, comment voulez-vous qu’ils comprennent l’amour qui est une forme d’injustice ? « Comment, direz-vous, l’amour est une injustice ? » Mais oui, vous allez voir. Vous entrez chez l’épicier, vous lui demandez un kilo de cerises. Il pèse vos cerises, il en trouve une de trop, il l’enlève… Il est très juste, cet homme, et vous n’appréciez pas tellement cette justice ! Vous allez chez un autre épicier ; lui aussi pèse vos cerises : il y en a trois ou quatre de trop, et il en ajoute encore trois ou quatre. Voilà un homme injuste, mais vous l’aimez précisément parce qu’il est injuste.
L’amour, mes chers frères et soeurs, n’est pas de la même nature que la justice. Et moi, justement, je prêche l’injustice. Oui, parfaitement, les gens sont trop justes… ne m’en parlez pas !
L’Ancien Testament parle beaucoup de justice et très peu d’amour. Mais est-ce que le monde s’est tellement amélioré avec cette justice-là ? Oeil pour oeil, dent pour dent… On lapidait, on tuait pour accomplir la justice, mais cela n’a amélioré personne. Et voilà que Jésus est venu et il a prêché l’injustice : la générosité, la bonté, la miséricorde, le pardon.
Eh bien, notre Enseignement prêche aussi cette injustice-là. Le mot « injustice » a en réalité deux sens. La justice absolue se tient au milieu, avec d’un côté, une injustice inférieure qui consiste à prendre sans donner et de l’autre, une injustice supérieure qui donne sans prendre. La première injustice a son origine dans la personnalité et provoque la haine, la vengeance, les représailles. L’autre, l’injustice supérieure, est inspirée par l’individualité et entraîne tous les bonheurs et toutes les bénédictions. Si, au lieu de réaliser l’équilibre parfait de la balance, vous penchez de ce côté-là, vous êtes injuste, mais cette injustice est magnifique.
Texte d’Omraam Mikhaël Aïvanhov
Extrait du livre : Les lois de la morale cosmique